302 PANDELE OLTEANU 30 Toutefois, on trouve aussi des constructions identiques dans la version bilingue et les versions slaves traduites du roumain ; on y emploie le datif et dans la version slave (bilingue, côté slave) — le génitif précédé par une préposition (Vb) : « O morte, corne tu se dolce cosa al povero » 1 — « O moarte cum de eçti dulce measerului tau »2 — « O smerti, kako esi sladka nistemu » 3 — « O smerti kako esi sladka Vb ubogago » 4 (O, mort, comment est-tu si douce à ton pauvre...) Ou bien, en parlant des « pommes », on emploie le pronom «les» : « ...Ales-sandro Z’ebbe in mano 5— «...Si Alexandru le lua în mînâ » 6 — « Ontze (Alexandre) vzia ich...))1 (Et Alexandre les prenait en main...). Dans le texte slave de la version bilingue on dit : «Alexandre vtzç jablbky»8 (Alexandre prenait les pommes). C’est encore dans ce texte (f. 610 v., version bilingue du Ms. 4620) que l’on dit : « da ne imat smësenie sa zenami » — «sa nu aibâ amestec eu femeile» (qu’il n’ait point affaire aux femmes), tandis que dans l’ancienne version roumaine ainsi que dans les versions slaves traduites directement du roumain, on dit » « sa n-aibâ mestecâturâ eu nusele » — « sa nimi » 9. Suivant l’original italien : « Chi ti siti si tondo i capegli » (FdV, p. 122) on a dit (dans ces mêmes versions) : « Cine ti-a încretit pârul asa frumos » 10 — « Kto ti pokudravil vlasy tako krasni ? » 11 Dans la version slave bilingue, il est dit : « Kto ti narjadilb toliko krasny vlasi tvoj ? »12 — « De ce ti-ai potri-vit atît de frumos pârul tau ?» (Pourquoi as-tu arrangé si joliment tes cheveux?). Les différences, les identités et les nuances de sens ou de rédaction prouvent la dépendance étroite qui existe entre les versions slaves traduites du roumain et la version bilingue roumaine. Ce fait et les quelques roumanismes pénétrés dans la structure même de la langue des versions slaves, ne font que confirmer que ces dernières ont pour base l’ancienne traduction roumaine faite directement de l’italien. C’est ce qui explique, par conséquent, pourquoi l’on retrouve, dans les versions slaves traduites du roumain, certaines maximes et des proverbes, rendus sous une forme qui rappelle — comme structure et ordre des mots — la langue roumaine parlée. Par ex. : le proverbe attribué à Salomon (dans FdV) : « celui qui bêche la fosse d’autrui, celui-là même y tombera » — « Cine sapâ groapa altuia, însusi va câdea în ea » — « ize iskopaetz dolb drugomu, samb do ni vpadetb » 1S. Dans le texte slave de la version bilingue, la rédaction du proverbe est autre, bien qu’elle contienne le roumanisme « a face » (faire) : « a face groapa » (faire la fosse) : « Cine face groapa sa bage altu-într-însa, insus va câdea într-însa» — «ize sbtvarêetb rovb Vbrinçti druga vb nb, samb vbpadaetb vbngtrb»14 (celui qui fait une fosse pour y fourrer quelqu’un d’autre, celui-là-même y tombera). 1 FdV, p. 53. 8 Ms. 4620, Í. 606 r. 2 Ms. 4620, f. 504 v. 9 Ms. 2748, f. 185. 3 Ms. 2748, f. 173 r. 10 Ms. 4620, f. 592 r. 4 Ms. 4620, f. 504 v. 11 Ms. 2748, Í...182 v. 6 FdV, p. 138. 12 Ms. 4620, i. 592 r. 6 Ms. 4620, i 606 r. 13 Ms. 2748, f. 177 v. 7 Ms. 2748, f. 184 v. « Ms. 4620, f. 542 v.