CONTACTS ÉTABLIS ENTRE L’HISTO GRAPHIE ROUMAINE ET TCHÈQUE DANS LE PROBLÈME DE LA FORMATION DU PEUPLE ROUMAIN, DURANT LA SECONDE MOITIÉ DU XIXe SIÈCLE TRAIAN IONESCU-NIÇCOV I. Brève introduction Durant la seconde moitié du XlX-e siècle, pendant cette période où — historiquement parlant — se pétrissaient les formes statales de la Roumanie moderne, l’historiographie roumaine a dû affronter l’une des disputes scientifiques les plus tendancieuses que connaisse l’histoire des peuples européens. Tant par des recherches plus amples, concernant généralement l’histoire de l’empire romain ou des peuples compris dans le bassin du Bas-Danube, que par des études spéciales, une série d’historiens étrangers, qui représentaient, on le sait, les tendances de l’historiographie idéaliste allemande et magyare de l’époque, se sont préoccupés aussi de la période où notre peuple prenait naissance. Par une interprétation ad libitum des sources latines et grecques ainsi que des textes médiévaux et en véhiculant des arguments fallacieux, un groupe d’historiens allemands et magyares a présenté le problème de la genèse du peuple roumain sous un angle absolument dépourvu d’objectivité. Si, dans l’historiographie médiévale humaniste, ce problème des origines de notre peuple n’apparaît qu’incidentellement et seulement dans le contexte d’amples narrations historiques, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, en échange, il éveille — de manière suspicieuse — l’intérêt des historiographes, allemands. Le déroulement même des événements historiques, mais surtout la situation politique des pays de cette partie de l’Europe, nous en expliquent la raison. Si l’on examine de près la manière dont les problèmes liés à la genèse des roumains se reflètent dans l’historiographie de l’époque, on finit par se rendre compte qu’il s’agit en fait d’une réaction inattendue déclenchée-par les revendications nationales des Roumains de Transylvanie et par l’évolution générale de la situation politique des pays roumains accrochés au versant sud-estique des Carpathes de Roumanie. Au fur et à mesure que se développe la conscience nationale des Roumains et que s’amplifie leur sentiment de solidarité ethnique, augmente aussi l’intérêt des historiens,