290 PANDELE OLTEANU 18 « pour », taie «après», etc., qui ont été transcrites non-russifiées dans certains passages du Sbornik x. Egalement, « La loi de justice des hommes » et « Les postilles » de Grégoire le Grand ont été écrits et traduits en Grande Moravie, à juger d’après le substratum de la langue qui a été prouvé — par certains bohémisants, tels I. Va-sica 2 ou Fr. Mares 3 — être morave. De même le substratum de la langue des versions slaves de FdV conservées à Prague et à Moscou, est roman. Expliquer ce substratum constitue un problème plus complexe, car il provient tout autant de l’original italien que de la version roumaine. Le chercheur doit donc opérer avec beaucoup de prudence et de discernement critique, d’autant plus que certains rouma-nismes pourraient s’expliquer aussi par la langue des copistes du XVIIe siècle et même du commencement du XVIIIe siècle quand la langue slavonne étaiet déjà moins bien connue, étant devenue une langue incorrecte, analytique et d’une rédaction de pensée à la roumaine. En ce qui nous concerne, nous avons effectué notre recherche en comparant toutes les versions slavo-roumaines avec l’original italien et les versions grecques, en nous efforçant d’y détecter les roumanismes qui, dans la partie slave, proviennent de l’ancienne traduction en roumain, confirmée par la présence de ces roumanismes, des amplifications, des omissions, des cas de coruptella, etc. Nous avons constaté, dans la morphologie de la langue utilisée par les versions slaves traduites du roumain, que le futur analytique et le conditionnel s’expriment parfois par les verbes copulatifs habere-imati et volere-choUeti, suivis de l’infinitif. C’est là une loi tout particulière aux langues romanes 4, que l’on retrouve aussi — mais néanmoins quelque peu affaiblie — dans les langues balkaniques 5. Ex. : « Altii îl vor milui » — inii chotjatb pomilovati (D’autres en auront pitié) ; ou : « El va striga » —- chostet vbzkliknuti (il clâ-mera). En slave, les verbes étant perfectifs et préfixés, il aurait suffi de Vbz-kliknet et de pomilovajçt. Pour le vieux roumain, le futur caractéristique était celui exprimé par habeo suivi de l’infinitif. Ex. : « are a veni », « va veni » (il, elle viendra) (CC1 180) ; « avem a-1 uita », «îl vom uita » (nous l’oublierons) 6. On retrouve un calque de ce futur aussi dans les versions slaves : myze ego kako imamy zabyvati (ms. 4620). Mais une action future pouvait aussi être exprimée par l’imparfait modal du verbe volere et l’infinitif : «care vrea sa se nascâ -— a se naste » — ize chotjase roditi s§ (ms. 4620 de l’Acad. de la R.S. de R., f. 493), ou encore, plus archaïquement, par le verbe esse avec l’infi- 1 P. O 11 e a n u, Contributii la studivi literaturii omiletice în vechile literaturi bulgara çi romàna, tiré-à-part de « Romanoslavica », XIV, 1968, p. 306—341. 2 I. Valica, Jazykovd povaha Zakona sudného liudem, « Slavia », XXVII, 1958, p. 521—538. Voir aussi : Literarni pamdtky epochy Velkomoravské, Prague, 1966, p. 71 u. 3 F r. MareS, Ceskâ redakce cirkevni slovanStniy v svètle Besêd Rehofa Velikeho, «Slavia», XXXII, Prague, 1963, p. 417—451. 4 N. Titova, O problema litigioasâ a morfologiei istorice românesti : originea condifiona-lului. SCL, 1959, nr. 4, p. 561—571. 5B. Koneski, Istorija na makedonskiot jazik, Skoplje, 1965. p. 172. 6 O. Densusianu, Istoria limbii romane, II, Bucarest, 1961, p. 146.