21 CONTACTS ENTRE L’HISTORIOGRAPHIE ROUMAINE ET TCHÈQUE 429 Au cours de l’été 1865, le professeur tchèque fait encore un voyage en Roumanie, en vue de dépister de nouveaux matériaux historiques. En arrivant à Brasov, Pic fut surpris „par la forme extérieure de la colline „Spren-ghiul“, située derrière l’église St. Bartholomée; cette colline, pensait-il, pouvait lui fournir des données archéologiques. En conséquence, il sollicita des autorités de la ville de Brasov l’autorisation d’y faire des fouilles. La mairie se montre d’accord, à condition toutefois que Pic lui présentât un rapport des résultats obtenus. En effet, après deux jours de fouilles à plusieurs endroits de la colline „Sprenghiul“, il en consigne les résultats dans un rapport, dont il remet un exemplaire à l’Hôtel-de-Ville 1 et un autre à la Gazette de Transylvanie. Du contenu de ce rapport, qui porte la date du 27 juillet 1886, se détachent les constatations suivantes: 1. la vague de terre qui y a été découverte, était un élément de défense d’un château dont l’ancienneté remonte aux VlII-e, Xl-XII-e siècles; 2. l’ancien château de Brasov était errigé sur la colline „Sprenghiul“ et 3. les Roumains sont descendus des montagnes au Vl-e siècle et ont complètement assimilé les Slaves de ces contrées 2. De Brasov, Pic passa à Bucarest pour faire des recherches dans les arch-ves de la capitale du pays ; ensuite, dans ce même but, il se dirigea vers Cer-nâuti 3. Il ne fait pas de doute que tout le temps passé parmi les Roumains, Pic — „cet historiographe distingué et philoroumain bien connu“ comme l’appelle le journal „Vointa Nationalâ“ l’aura employé à prendre contact avec des personnalités éminentes de notre pays et surtout à se documenter dans les problèmes de l’histoire des Roumains. Au retour, plus exactement vers la fin de l’année 1886, Pic publie une nouvelle étude, de plus petites proportions, mais très intéressante de notre point de vue, étayée d’une abondante information scientifique que l’auteur s’était procurée durant son séjour en Roumaine. Il s’agit des Lois Roumaine et de leur rapport avec le Droit byzantin et slave1, ouvrage duquel il ressort que Pic connaissait bien les anciennes institutions juridiques des Roumains. De plus, l’emploi dans une aussi grande mesure des sources et des matériaux roumains, nous donne à penser que Pic connaissait aussi la langue roumaine, ce qui d’ailleurs lui a permis de s’informer directement, aux lieux-mêmes. Il s’occupe d’une série d’anciennes institutions féodales roumaines, comme par exemple la coutume du pays, la douane des brebis, la propriété foncière héréditaire, le „jus valachicum“, les impôts, les dignités d’état, le rapt, les „kneaz“ et autres; pour toutes ces institutions, Pic utilise une ample 1 Lettre du 27 juillet 1886, n. st. (Ibidem, no. 3152) 2 Le rapport a été publié tout d'abord dans « Gazeta Transilvaniei », Brasov, XLIX, no. 161 du 19 /31 juillet 1886, après quoi il fut reproduit aussi par la publication «Vointa Nationalâ» Bucarest, III, no. 587 du 22.VII/3. VIII. 1886. 3 Le sept. 5 n. st., Plé se trouvait déjà à Cernâu^i (Voir 3 Voinîa Narionalä», III, no. 615 du 24.VIII /5.IX.1886). 4 Cf. Die rumänischen Gesetze u. ihre Nexus mit dem byzantinischen u. slavischen Recht, tiré-à-part de « Sitzungsbericht der k. böhmische Gesellschaft der Wissenschaften *, Prague, 1886