13 L'INFLUENCE ROMAINE PROVINCIALE SUR LA CIVILISATION SLAVE Le contact avec le monde romain a donné une impulsion particulière non seulement au métier du potier mais à la métallurgie aussi, surtout dans les régions où les Slaves avaient hérité des territoires des anciennes provinces romaines. Selon L. Niederle, les Slaves auraient emprunté aux Romains des outils perfectionnés (certains types de haches, de socs de charrue, de faucilles, etc.) 1. L’opinion de L. Niederle, formulée il y a presque un demi siècle, est confirmée maintenant par de nouvelles découvertes 2. En plus de la métallurgie du fer, l’influence romaine provinciale dans le monde slave se manifeste de manière pregnante dans la confection des objets de parure. Nous n’allons pas analyser ici les parures empruntées par les Slaves sous l’influence du monde romain provincial et byzantin de haute époque, pendant leur expansion dans la péninsule balkanique, car le fait réclame une analyse de beaucoup plus ample. Nous nous bornerons à examiner les parures qui ont persisté jusqu’à l’époque de la formation des États et dont le développement a pris ensuite un essor particulier. Par exemple, les récentes recherches ont confirmé l’hypothèse concernant l’origine romaine provinciale (pannonique ou dalmatienne) de certains types de parures, des anneaux temporaux notamment2. Notons parmi ceux-ci les anneaux temporaux en forme de cercle ; ceux avec un pendeloque globulaire, à double tronc conique, ou bien fait d’un fil métallique sur lequel sont enfilées des perles, ceux avec le bout recourbé en demi cercle, qui se sont conservés tels quels jusqu’aux VHP— IX” siècles et de qui sont nés ceux avec le pendeloque en forme de méandres ou avec le bout tordu en « S », ceux avec le pendeloque cylindrique ou conique, fait d’un fil descendant en spirale, etc.3 Tous ces types devaient connaître une large diffusion aussi chez les Slaves occidentaux, surtout chez ceux de Moravie, et chez les Slaves du Sud (fig. 5). Chez leurs frères d’Europe orientale, ces types de parures n’ont pénétré que de façon imitée, constituant plutôt une source d’inspiration dans la genèse de types de la civilisation épanouie sur le territoire de ces États. L’on peut donc parler de la civilisation de l’État morave, de l’État de Kiev, etc. Mais au sein de cette unité née dans les limites d’un État, toute une série de variantes régionales et locales (manifestes dans la céramique aussi) se maintiennent, reflétant de vieilles traditions conservées par les unités sociales-économiques et politiques (tribus, unions tribales) entrées dans la composition de l’État respectif. Les traits communs qui dépassent les frontières de ces États sont dus à une origine ethnique commune qui suppose un mode de vie similaire et à une même influence, par exemple, celle romaine provinciale. 1 J. Jârdanyi-Paulovicz, Szalacska, a koposvôlgyi rômaikori fémüvességi kozpont, in « Archaeologiai Értesitô », 80, 1953, pl. XXX, A/l, 2, 5; G r. F 1 o r e s c u, Ex-pectatus Bujor et Ana Matrosenco, Sâpâturile de salvare de la Bumbesti, in « Ma-teriale... », IV, 1957, p. 115, pl. III, 17. 2L. Niederle, op. cit., p. 88 et suiv. L’auteur insiste surtout sur les anneaux temporaux avec le bout en forme de « S », qui ont, selon lui, leur origine en Dalmatie romaine, d’où à une époque plus récente ils ont été empruntés par les Slaves. Mais les récentes recherches montrent que ces anneaux pouvaient tout aussi bien être empruntés par les Slaves en Pannonie, cf. Pekâry Tamâs, Késôrômai sirok Fenékpusztdn, in « Archaeologiai Értesitô », 82, 1, 1955, p. 23, fig. 3/15.2 ; p. 24, fig. 4/25.3 et 26.2. 3 Ibidem, p. 22, fig. 2/11.1, 11.2; p. 23, fig. 3/15.1, 15.2; p. 24, fig. 4/23, 24.1, 24.2; 25.2,25.3,26.2; Intercisa, II, série Archaeologia Hungarica, XXXVI, 1957, pl. LXXIX/11—21 et 25—29, pl. LXXX/1—8, 10.