LIMBA SLAVONÄ DIN LITUANIA 215 QUELQUES IDÉES CONCERNANT LE CARACTÈRE DE LA LANGUE SLAVE EMPLOYÉE AU MOYEN ÂGE EN LITUANIE (Résumé) L'étude présente a été consacrée au problème — insuffisamment exploré — du caractère de la langue slave de version lituanienne, employée par ce peuple baltique pendant le Moyen Age comme langue officielle, en chancellerie, comme langue livresque (littéraire), ecclésiastique et, partiellement, comme langue de conversation. Tout d’abord, l'auteur y examine brièvement les conditions sociales, historiques, politiques et culturelles qui ont déterminé l’adoption de cette langue étrangère dans le Grand-Duché de Lituanie, pour insister par la suite plus spécialement sur la question si complexe des variantes, qu’elle a connues d’une époque à l’autre. En particulier, on attire l’attention au fait qu’il y a des monuments écrits où l’influence du russe est très intense, mais qu’il y en a d'autres où, au contraire, c’est l’influence du polonais qui se ressent d’une manière extrêmement claire. De plus, cette originelle version du slavon se détache aussi par la présence des éléments lexicaux, phonétiques, morphologiques et syntaxiques empruntés au tchèque, biélorusse, ukrainien, allemand, latin, lituanien (naturellement) et même au letton, ce qui nous donne le droit de la caractériser comme une langue hybride (mixte). Une analyse linguistique détaillée de cette langue sera présentée dans une étude prochaine. Selon l’opinion de l’auteur, la langue slavonne du Grand-Duché de Lituanie était utilisée non seulement dans les actes officiells, dans les oeuvres artistiques ou bien dans la littérature religieuse. Pour une certaine partie des citoyens instruits elle servait aussi comme langue de conversation, en nous rappelant sous ce point de vue la situaticn du slavon des principautés roumaines pendant presque la même époque. Du reste, en examinant la place et le rôle du slavon à l’époque médiévale en Lituanie, l’auteur de l’étude a toujours en vue le phénomène analogue, caractéristique pour la Moldavie, !a Valachie et la Transylvanie, en soulignant non seulement les traits communs, mais aussi les différences d'emploi des variantes du slavon littéraire ; particulièrement, en ce qui concerne la chancellerie moldave, les observations du grand slaviste roumain Ioan Bogdan gardent jusqu’à présent leur valabilité, car il parlait du fait que — pendant la période mentionnée — c’était le russe d'ouest qu’on employait dans ces pays comme langue des actes et des documents officiels. En analysant de près la variété des termes qu’on a proposés pour qualifier la dénomination de la langue slavonne du Grand-Duché de Lituanie (russe, russe d’ouest, vieux-russe, vieux-russe d’ouest, vieux-bulgare, slave, slavon, ukrainien, biélorusse, krivitchéen, poicnais-russe, slave-polcnais, lituanien, lituanien-russe), l’auteur souligne que dans ce cas la dernière désignation serait la meilleure, bien que, au fond, cette question ne soit pas essentielle. Le caractère du slavon lituanien change foncièrement pendant les XV—XVII-e siècles, lorsque le polonais commence à supplanter le soi-disant lituano-russe. Au début, cela aboutit à la constitution d'une largue mixte, contenant des éléments lituano-russes et polonais, langue qui a subsisté une période déterminée. Mais graduellement l'influence du polonais s’impose et la langue officielle du Grand-Duché de Lituanie perd son caractère initial, étant remplacée par le polonais, situaticn qui dure jusq’au XVII-e siècle. Parallèlement, à partir du XVI-e siècle (1547) commencent à paraître les premiers monuments rédigés en lituanien, ce qui produit inévitablement des changements essentiels dans es rapports des éléments baltiques et slaves dans la culture du peuple lituanien.