466 I. PETRICÂ L’INTÉRÊT MANIFESTÉ PAR LES ROUMAINS POUR LA LITTÉRATURE POLONAISE PENDANT LA SECONDE MOITIÉ DU XIX-E SIÈCLE (Résumé) La diffusion de la littérature polonaise en Roumanie pendant la seconde moitié du siècle passé, a connu — suivant les affirmations de l’auteur — deux phases: la première, du V-e à la fin du VlI-e décennie, déterminée par l'existence chez les deux peuples de mêmes consonances et aspirations nationales, la seconde, pendant les dernières décennies du siècle, caractérisée par une hausse d’intérêt, chez les Roumains, pour les valeurs littéraires polonaises consacrées et leurs œuvres à résonances sociales. Durant la première période, ce fut l’œuvre d’Adam Mickiewicz qui s’imposa; elle était bien connue des démocrates roumains révolutionnaires (N. Bàlcescu, I. Eliade Ràdulescu, Ion Voinescu, C. A. Rosetti, etc.). C’est alors aussi que parurent les premières traductions en langue roumaine de l’œuvre de l’écrivain polonais. Ainsi en 1843, George Baritz publia, dans la traduction de Iosif Manu, Fragmente din cârtile pribegiei (Passages des livres de l’errance), tandis que Gheorghe Asachi adaptait des ballades de Mickiewicz et une satire d’Ignancy Krasicki. Lorsque le peuple polonais se souleva dans un grand mouvement pour la conquête de sa liberté nationale, A. Pelimon et Gr. Grandea traduisirent aussi des vers du grand poète polonais. Des échos de l’œuvre de Mickiewicz se retrouvent dans les écrits de Baritz, Al. Papiu-Ilarian, Al. Odobescu, B. Petriceicu-Hasdeu, ce dernier étant un grand connaisseur de la littérature polonaise. Pendant la seconde période mentionnée ci-dessus, l’œuvre de Mickiewicz poursuit son processus de pénétration parmi les Roumains, étant considérée comme le prototype des manifestations spirituelles avancées (C. Dobrogeanu-Gherea). De nouvelles traductions en roumain font leur apparition ; elles appartiennent à Ulysse Cariadi, George Cosbuc, Grigore Lazu. En même temps, certaines publications roumaines (comme, par exemple, „Amicul familiei" — „ L’Ami de la famille“ — ou celles dirigées par Edouard Adamski) manifestent un intérêt accru pour la culture polonaise. C’est ainsi que le lecteur roumain fait la connaissance de nouveaux-noms d’écrivains polonais (T. T. Jez, Jôzef Ignacy Kraszewski, Wincenty Kosiakiewicz, Boh-dan Zaleski). L’offensive anti-junimiste facilite la pénétration des œuvres des positivistes de Varsovie. On traduit en roumain l’œuvre philosophique de Julian Ochorowicz (1885), ainsi que des passages de la littérature à résonance sociale de Al. Swietochowski (1888, 1895). Cette période culmine par l’attrait qu’exerce sur l’esprit des lecteurs roumains la figure d’un autre grand écrivain polonais — Henryk Sienkiewicz.