184 PANDELE OLTEANU Par ses précédentes contributions scientifiques, lesquelles s’intégrent dans sa monographie „Vechile Cazanii la Români fi Slavi" (Les anciens homéliaires chez les Roumains et les Slaves), l'auteur a identifié jusqu’à présent les originaux byzantins et les versions rédigées en slavon des plus anciennes homélies qui aient été traduites en langue roumaine, ainsi que de quelques autres, dont les homélies erronément attribuées à Jean l’Exarque, lettré bulgare au commencement du X-e siècle. Même le premier Homéliaire roumain, imprimé par le Diacre Coresi vers 1567, sous le nom de Cazanie româneascâ, existe aussi bien en deux versions ukraino-carpatiques: Postilla de Tekovo et de Neagovo. Toutes ont à la base un même original slavo-carpatique, écrit vers le commencement de la seconde moitié du XVI-e siècle et qui se conserve intégralement seulement dans la version roumaine, en dépit de l’idéologie hu-ssite-calvine qui caractérise celle-ci. Le deuxième Homéliaire du Diacre Coresi, imprimé vers 1581, représente en fait la collection d’homélies du Patriarch de Constantincple, Jean Kaleka, antiisichaste du XlV-e siècle, comme l’a démontré le Prof. V. Grecu. La version roumaine,a été traduite d’après celle en slavon-russe de l’Homéliaire imprimé en 1569 à Zabludov en Lithuanie, aux frais du kneaz Chodchievié, par Ivan Feodorov, premier typographe des Slaves Orientaux. En étendant ses recherches au XVII-e siècle, l’auteur démontre par cette nouvelle contribution que l’oeuvre GricraPppç „Comoara“ („Le Trésor") de Damaskinos le Studite, écrivain néo-grec du XVI-e siècle, constitue l’une des principales sources byzantines de la Cazanie (Homéliaire) imprimée en 1643 par le Métropolite Varlaam de Moldavie. Damaskinos le Studite faisait partie du courant humaniste de la Renaissance qui, avec Maximos Margunios (1542-1602), Ioanichos Carthanos, Teophanos Eleavulkos, Teophilos Cori-daleos (1570—1646) et autres, s’est affirmé dans la culture grecque du XVI-e et XVII-e siècles. Le foyer rayonnant de ce courant était la communauté grecque de Venise, où les écrivains publiaient leurs oeuvres en langue vulgaire, eiç xf|V KOivfiv yÂWCToav la langue que parlait le peuple, afin que, de la sorte, ils pussent plus facilement le cultiver et le raffermir dans la lutte contre l’islamisme. Tous les écrits du Métropolite Varlaam se réclament de l’idéologie de ce courant. En effet, il a suivi les modèles, a arrangé et même a traduit les oeuvres écrites en néogrec par les représentants du dit courant, en utilisant ces sources dans l’original même, mais surtout dans des versions slavo-russes (voir P. Olteanu, Izvoare originale fi modele bizantino-slave în operele Mitropolitului Varlaam — Sources originales et modèles byzantino-slaves dans les oeuvres du Métropolite Varlaam — dans B.O.R., 1970, nr. 1 — 2, pp. 113 — 151). Ces écrivains ayant cultivé la rhétorique, l’élément dramatique et la prose rythmée, Varlaam les emprunte, par traduction, de la source néogrecque. Aussi, leur existence dans son Homéliaire ne s’explique donc pas, par un baroque tardif, mais par l’emprunt aux sources néogrecques. Parmi ces écrivains, l’érudit métropolite moldave s’est tourné de préférence vers Damaskinos le Studite. Celui-ci, historien, naturaliste, d’une grande éloquence, etc., (voir les contributions des spécialistes K. Satha, Borje Knios, P. A. Lavrov, I. Trifonov, Donka-Petkanova-Toteva, P. Ilievski et autres) avait été exarque de l’Eglise de Constantinople en Ukraine (1565 — 1572) pour devenir ensuite évêque et puis métropolite de Navpact et Arta en Epire. Par conséquent, c’est vers de pareilles sources orthodoxes que le métropolite Varlaam s’est porté et moins vers celles du baroque ou celles des litanies catholiques, comme l’a cru Lâszlô Gâldi qui ne connaissait pas cette source principale de l’Homéliaire de Varlaam: „Cuvîn-târile lui Damaschin Studitul" („Les homélies de Damaskinos le Studite", ou „Cartea numitâ Tezaurul" („Le livre appelé „Le Trésor") PifWaov 0vojiaÇô|jevov T qaaPpôç Imprimé pour la première fois à Venise en 1557—1558, cet écrit a paru en plus de 50 éditions néogrecques. Chez les Slaves orthodoxes, surtout chez ceux du Sud, l’oeuvre pénètre en plus de 200 manuscrits. Chez les Roumains, elle a circulé dans l’original néogrec et en slavon. Le Studite était l’écrivain le plus répandu de la culture néogrecque des XVI-e — XVIII-e siècles. Il était aussi, de son temps, considéré comme l’écrivain le plus instruit. Sur le total de ses homélies, Varlaam a traduit plus de 200 pages, en y choisissant les passages les plus émouvants et les plus artistiques. Il a donc traduit presque intégralement les homélies traitant de la Vie de Jésus et de la Vierge Marie, de la Résurrection de Lazare, certaines homélies dominicales et surtout les homélies sur la vie et le martyre de Georges, Nicolas, Démètre et Théodore de Tiron, de même que quelques unes de ses homélies sur la Croix, les icônes, les 318 Saints-Pères, le Synode de Nicée, etc.