Outre les questions strictement dialectologiques, l’auteur s’est également intéressé à des problèmes de linguistique générale qui apparaissent toujours lorsque l’on examine les langues et les dialectes en contact. Son travail consiste en deux parties : la première analyse les particularités phonétiques, lexicales et, partiellement, morphologiques du parler ucrainien ; et la seconde, les traits caractéristiques du système phonétique et grammatical du langage lipovène mentionné ci-dessus. À cette occasion l’auteur examine aussi l’influence exercée par la langue roumaine sur le parler respectif. Parmi les particularités phonétiques et morphologiques qui apparaissent dans le parler ucrainien de Benea, on note le passage de ■& a i, de o et e a i; la conservation de l’ancien e après des sifflantes; l’aphonisation de r ; l’existance des üquides r et l dures et molles ; l’emploi fréquent de la consonne f, le passage de t’ et d' à k’ et respectivement, a g’; le passage de v à u, la présence de v prothètique, t dur à la III personne du singulier et du pluriel de l’indicatif présent; l'utilisation fréquente des désinences -ov'i, -ev'i au datif sing. des substantifs etc. L’auteur examine encore en détails dans la première partie la question de la composition lexicale du parler ucrainien de Benea. Dans la seconde partie de son article, l'auteur s'arrête d'abord aux phénomènes phonétiques appartenant en propre au parler lipovène de Tg. Frumos. Il s'agit du passage de z à y1 de e à y, de l'existence du j au commencement des mots ou à l'intérieur en position intervocalique (cf. jjU3, jud'om, ;H3 Pacüju etc.; dans les mots empruntés au roumain apparaissent les consonnes ^ et / ; le e non accentué, et parfois même accentué, passe à 'a ; m'an’u3p’ (et man’u3p’), i{’âpKbw'u2 ; en règle générale, e non accentué passe à u (h'u .uoyÿ juM'um'). Dans certains cas, on a noté des mots dont l’accent diffère de celui de la langue commune : cf. MÔzy et MÔMcy, à coté de la forme Moyÿ3, c'bp'uddy, c~‘54 yaàâ etc. La présence du m dur à la III pers. du singulier et du pluriel des verbes constitue une isoglose commune aux parlers lipovènes de Moldavie : jud'om, 3nâjym, yM'upâjym. De même les particularités morphologiques, syntactiques et lexicales de ce parler russe sont intéréssantes. On peut citer en ce sens pour la phonétique et la morphologie, des phénomènes tels que la désinence — y (—’y) au gén. sing. des substantifs de la Ièrs déclinaison ; l'absence de l'augment des cas obliques substantifs du type „BpeMH" ; le passage de certains substantifs du genre masculin dans la catégorie des féminins (cf. na^MUA'm'Kyjy cmamH'n'uKy) ; disparition de j et de 3 au gén. et acc. sing. du pronom „CBoii": ceoBo\ existence de la forme juMâjuiu à la II personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe „HMeîb“ ; le verbe „cyaHTb“ se construit avec un complément au datif ; cÿd'um naM yacnôm ; dyxcb est utilisé avec le sens des adverbes „oneHb, CHJibHee" ; par ex. àÿxcb ybeap’ü, n'u^dysicb xbpauiô; au lieu de „dapoM,, on a couramment noté 3a'~'flÿpy ou 3adÿpnb: H'u~ cmôjum 3a^dÿpy d'u3Abm', h'u 3adÿpm msbieajym; dans le parler des lipovènes de Tg. Frumos, les prépo- 1 II existe cependant de cas ou e subsiste parfois dans les mêmes mots, par ex. Moey. On a noté, à la I-ère pers. du présent de l'indicatif du verbe „MO'ib" le passage de z à 31c, probablement par suite de l'analogie des formes des II et III pers. sing. et I et II pers. du pluriel. 2 Pourtant parfois e (a) subsiste; T’uen’nep’. 3 Bine que le parler se caractérise par „akanie", cependant dans ce mot 0 ne passe pas à a; cf. aussi le pronom ceoeo (gén. et acc. sing.). 10-1507 145