Le bruit courait aussi qu’en l’absence de forces suffisantes, les autorités de Braïla auraient fait appel aux turcs d’au-delà du Danube et que ceux-ci, vêtus d’uniformes roumains étaient sur le point de traverser le Danube pour attaquer les volontaires. Pour les dirigeants de Braïla, la situation était claire; il fallait empêcher la bande de volontaires de traverser le Danube sans l’autorisation du gouvernement. Dans ce but, le colonel Engel, avait envoyé en hâte des courriers pour ramener dans la garnison les troupes dispersées. Jusqu’à leur venue, on fit appel aux soldats et aux paysans des villages voisins27, qui arrivèrent immédiatement à Braïla. Dans le port, le capitaine Manu devait à tout prix empêcher le départ de la bande. Puisque Tatici n’était pas décidé sur la direction qu’il allait prendre, les autorités de Braïla prévinrent les autorités des autres districts d’avoir à prendre toutes mesures nécessaires pour le cas où ces volontaires passeraient par leurs régions28. De son côté, Sali-Aga, commissaire turc à Braïla avait prévenu le pacha de Silistra qui avait pris des mesures. Il ressort des informations que nous possédons, que les Turcs avaient réussi à faire tous les préparatifs à temps et au cas où les Bulgares auraient réussi à traverser le Danube ils se seraient trouvés devant des forces armées régulières. Les informations que nous possédons sur les résultats des tratatives qui ont eu lieu avant les bagarres qui éclatèrent ensuite dans le port, sont contradictoires. Pendant toute la journée du 13 Juillet, des pourparlers curent lieu entre les autorités et les volontaires et jusque dans l’après-midi de ce jour les autorités étaient encore décidées à les arrêter par la force. C’est ce qui a été rapporté aussi au département de l’intérieur le 13 Juillet29 et certains rapports consulaires30 disent la même chose. Mais le soir quand les volontaires se rassemblèrent pour descendre dans le port, leur nombre étant monté à 284 hommes armés et lorsqu’une foule de 2000 personnes se mit à les acclamer, les autorités eurent l’air d’hésiter. Le rapport de Sgardelli, dont on a montré plus haut les relations avec les volontaires et en particulier avec les Serbes et les Bulgares de Braïla, affirme qu’à la demande de Tatici, les autorités lui auraient permis de partir ce qui est difficile à croire. Pappasoglu montre clairement que le policier de la ville était allé à l’auberge où les volontaires se trouvaient rassemblés, pour leur communiquer de ne pas descendre dans le port, jusqu’au moment où viendrait de Bucarest l’autorisation de leur délivrer des passeports en règle. Autrement, ils se rendraient coupables de violation de la loi et ils seraient dans ce cas attaqués par le garnison de la ville 81. Mais on peut croire les affirmations de Huber qui montre que, à la demande du même Tatici, 27 Ibidem, t. 57. 28 On avait pris des mesures dans les districts de R. Sârat, Prahova, Mehedinti etc. Le 15 Juillet on avait gardé à la quarantaine de Câlâraçi, 14 bulgares de la région de Lozen-grad, venus dans le pays avec des passeports turcs, pour faire du commerce. Comme ils étaient à cheval et qu’ils avaient des armes, on les avait retenus pour enquête. A Turnu Severin aussi, 2 bulgares de Galatz qui voulaient passer en Serbie et qui avaient des actes « grattes et effacés » furent retenus. Des arrestations ont été faites à Ploeçti. Voir F i 1 i 11 i, ouvr. cité, 230 — 31 et Hurmuzaki, Doc. XVII, p. 820 — 821. ia Voir le rapport de Rusescu dans Romanski ((Doc. no. 43) p. 121. 30 Francesco Botta, dans B o d i n, Nouvelles informations, p. 185. 31 Voir le rapport dans Romanski, ouvr. cité, p. 77 — 78, et Pappasoglu, ouvr. cité, p. 154. 246