non seulement en Moravie, mais aussi dans les pays slaves voisins, avec l’aide des meilleurs de ses disciples. L’influence de son œuvre de missionnaire a dû s’étendre aux pays qui avoisinaient la Grande Moravie et qui entretenaient des rapports politiques avec elle »26. I. Ohienko ajoute qu’une partie de l’Ukraïne occidentale appartenait à la Grande Moravie «nalezala sjude i casticna zachidno ukrajnskogo narodu ». Il est indubitable, d’après lui, que Méthode ou bien ses disciples ont christianisé aussi cette partie du peuple russe27. C’est pour cela peut-être que s’est conservée jusqu’à présent dans le Mara-mures, dans la Transylvanie du nord et chez les gréco-catholiques de l’est de la Slovaquie une langue slave ecclésiastique d’un type distinct par ses moravismes et par ses éléments locaux que nous analyserons plus loin. ★ Voyons d’abord ce qu’on objecte à l’opinion que la liturgie slave s’est répandue de la Grande Moravie dans la Transylvanie du nord et dans le Maramureç, et quels sont les arguments à l’appui de l’opinion dominante que la liturgie slave s’est répandue chez nous de la Bulgarie seulement. On a prétendu que la dispersion de la liturgie slave en Dacie à partir de la Grande Moravie n’est pas attestée par des documents historiques ; que même dans la Grande Moravie la liturgie slave n’a eu qu’une existence précaire, qu’elle a existé d’une manière intermittente et que, à cause de cela, elle n’a pas pu se répandre ailleurs. Mais nous avons montré — et c’est un fait établi — que la nouvelle culture chrétienne en langue slave s’est répandue de Moravie chez les Polonais, les Ukrainiens, les Serbes Lusaciens, les Tchèques. . .D’ailleurs des documents historiques manquent aussi pour appuyer l’affirmation que la liturgie slave est venue en Dacie de Bulgarie. Une objection plus sérieuse serait que dans le nord de la Dacie il ne s’est pas conservé de textes glagolitiques, comme dans la Grande Moravie. Mais dans celte région on n’a pas trouvé non plus de textes cyrilliques. La plus ancienne inscription cyrillique découverte depuis peu près de Constantza date de 943 is, et les premiers textes, des dernières décades du XIVe siècle : en Valachie, la charte de Vladislav concernant la fondation du monastère de Vodi^a, de 1370, et en Moldavie, l’acte de Roman Musat, de 1393. Le fait que la culture chrétienne en Moravie a été glagolitique n’exclut pas la posibilité de l’introduction de la liturgie slave chez nous, venant de la Grande Moravie £9. Les dernières découvertes et recherches concernant l’écriture chez les Slaves font changer les vieilles opinions sur l’introduction du « cyrillique » chez les Roumains. L’inscription des environs de Constantza et les documents écrits sur écorce de bouleau trouvés dans le nord de la Russie renforcent l’idée que les deux alphabets sont aussi vieux l’un que l’autre. L’emploi de 26 Cf. KoHcmanmuH u Memyduu ux OKumusi u duMbHicmb, Varsovie, 1928, p. 339 et suiv. 27 Ibidem, p. 340 — 341. 28 D’après certaines opinions, cette inscription serait faite sous une influence russe. (Voir dans ce volume l’interpretation de cette inscription et la bibliographie qu’en donne Damian Bogdan.) 29 G r. N a n d r i 5, afirme: The arguemnt, that this culture is Glagolitic does not eliminate that posibility (Cf. ouvr. cité, p. 160.) 174