tement la mention de la bataille de Baia, ce qui démontre que le scribe ne connaissait pas la date de l’obtention de ces places qui eut lieu en réalité à la suite de l’arbitrage papal sur la vassalité de la Moldavie à la Hongrie, de l’année, 1489, erreur de date que n’aurait pu commettre un contemporain 21. Dans cette même chronique de Poutna, vers la fin du règne de Pierre Aron, le chroniqueur ajoute: «et après quelque temps le voévode Etienne lui trancha la tête22» mention sans précision chronologique, car Pierre Aron vécut encore jusqu’en 146923. Ces erreurs et inexactitudes chronologiques sont toutes absentes de la chronique dite de Bistrija. Ainsi donc la chronique de Poutna est un remaniement tardif, datant probablement du premier règne de Pierre Rares (1527-1538), avant la perte des places fortes de Transylvanie citées plus haut. La chronique de Poutna a une suite qui la mène jusqu’en 1528, tandis que celle dite de Bistrita s’achève à la mort d’Etienne le Grand, car la relation de la guerre entre Bogdan III de Moldavie et Radu le Grand de Valachie en 1507 est une addition postérieure au texte de la Chronique de Bistrita 24. Il faut observer également que l’évêque Macarios, le contiuateur officiel au XVIème siècle des chroniques moldaves en langue slave du XVème siècle, reprend le fil de la chronique à partir de la mort d’Etienne le Grand (1504) c’est à dire à partir du moment où s’achève la chronique de Bistrita25. Ainsi donc cette chronique de Bistrita représente la plus ancienne forme connue, tandis que celle de Poutna n’est dans ses deux versions qu’un texte remanié au début du XVIèmc siècle. Quant aux trois versions des chroniques moldaves en langue slave du XVème siècle à l’usage de l’étranger, on constate de toute évidence la similitude et la dépendance de la chronique moldavo-polonaise à la chronique de Poutna. Elle contient les deux mentions anachroniques de cette même chronique de Poutna touchant l’obtention des places de Cicei et Cetatea de Baltâ en 1467 et l’éxécution de Pierre Aron en 145726 ainsi qu’une série d’expressions communes à la seule chronique de Poutna. De même la chronique moldavo-russe a des rapports évidents avec même texte remanié qu’est la chronique de Poutna, contenant la mention du supplice de Pierre Aron en 1457, ainsi que d’autres passages qui ne figurent que dans la chronique de Poutna27. Par contre, ainsi qu’il ressort à première vue de la comparaison des textes, et comme l’a démontré la minutieuse analyse de 0. Gôrka qui l’a éditée, la chronique moldavo-allemande est un remaniement d’un texte d’annales moldaves en langue slave se raprochant du texte désigné par son éditeur ou le nom de chronique de Bistrita 28. En conclusion, toutes les chroniques moldaves traitant des événements du XVème siècle dérivent d’un prototype commun que nous appellerons: 21 V. M o t o g n a, Cetatea Ciceiutui sut) stâpinirea Moldovei, Dej, 1927, p. 18 — 27. 22 I. Bogdan, Letopiseful lui Azarie, p. 147. 23 I. Ursii, Çtefan cel Mare, Bucarest, 1925, p. 61 — 62. 24 I. Bogdan, Cronice inedite, p. 48. 2t Idem, Letopiseful lui Azarie, p. 152. 26 Idem, Cronice inedite, p. 121 — 122. 27 Idem, Vechile cronice, p. 189. 28 O. Gôrka, ouvr cité. p. 58 — 75 153