je doute, je me demande surtout si on les lui a donnés, ce que je ne crois pas. mais ce que je sais c’est que le terrible Kirdjali, qui avait échappé au pal turc, n’échappa pas au gibet moldave, où il finit fort prosaïquement, en 182435. » Sa mort par pendaison reste plausible si nous ne tenons pas compte, ce qui est d’ailleurs sans importance, des divergences qui existent entre les deux auteurs à propos de la somme demandée par Kirdjali au prince (Vaillant parle de 2.000 ducats autrichiens et Negruzii de 5.000 lei). En tous cas, il est un fail certain, c’est que, si Negruzzi ne connaissait pas par une autre source le montant de la somme en question, il l’a appris de toutes façons par le récit de Pouchkine. III. ENTRE l’HISTOIRH ET LA LEGENDE On comprendra que les témoignages ci-dessus n’aient aucune valeur historique, car on les sent invraisemblables. Nous sommes dans l’impossibilité aujourd’hui de reconstituer la vie d’un brigand du début du siècle dernier, dont les exploits étaient alors déjà entrés dans la légende. Ses contemporains eux-mêmes, quoique encore sous l’impression de ces événements, ont été incapables de localiser des actions commises dans une atmosphère dominée par la crainte. Autour des exploits de Kirdjali, que l’on se racontait partout avec frayeur, se sont forgés des contes et des légendes. I.P. Liprandi, officier russe chargé de différentes missions militaires dans le Sud-Ouest de la Russie, avoue avoir entendu raconter pour la première fois l’histoire de Kirdjali par son domestique albanais. En 1827, à Isaccea, l’Aga Egob lui a ensuite confirmé ce récit ; un peu plus tard, ayant été détaché à Tur-tucaia, il a entendu raconter par Kuciuk Ahmed aussi les mêmes histoires sur Kirdjali. Liprandi36 ajoute que personne ne savait comment avait fini ce brigand. Certains chercheurs russes ne sont pas d’accord avec les auteurs français, non seulement sur l’héroïsme de Kirdjali à la bataille de Sculeni, mais ils considèrent même comme douteuse sa participation à cette bataille. Jacimirskij affirme que l’histoire de Kirdjali a fait son apparition au commencement du XlX-e siècle et que plusieurs variantes en ont été recueillies et publiées dans Bessarabskie oblastnye Vëdomosti, 1862, nr. 1—2 37. Une seule chose est indéniable. C’est l’existance d’un brigand portant le nom ou le surnom de Kirdjali. Dans ses mémoires, Liprandi mentionne lui aussi un haïdouk notoire portant ce nom et qui ravagea le pays pendant les dernières années du règne du Sultan Sélim III (1789—1807) et sous Mahomed II (1808—1839) 38. De même, dans un rapport daté du 29 mai 1823, le général Inzov, alors gouverneur militaire de la province d’au-delà du Prouth, dit entre autres: 35 « Curiernl de arabe sexe», 1ère série, 1836 — 1838, Bucarest, 1862, 2-ème édition, p. 114. 38 I. I>. Liprandi, ouvr. cité, p. 1405 — 1406. 31 A. Jacimirskij, Po3Ôoühuku Beccapaôiu n po3CKa3axrb o nuxfi, extrait d’oEtnograiiceskoe obozrenie», 1895, no. 3, p. 31. 38 I. P. Liprandi, niwr. cité, p. 1399. 114