raison de cet obituaire avec le texte des chroniques mentionnant ces mêmes princes, montre clairement qu’il ne pouvait être ni le modèle, ni la source des plus anciennes chroniques de Moldavie. Ainsi sur l’obituaire de Bistrita ne figurent point les noms des voévodes de Moldavie : Dragoç, Sas et Ciubâr, des princesses Neacsa et Marina, les épouses d’Alexandre le Bon (1400—1432), qui se retrouvent dans la chronique5. En échange, cette même chronique dans ses deux variantes, tant sa forme plus ancienne connue sous la dénomination de chronique de Bistrita, lui venant de ses éditeurs, que sa variante plus récente connue sous le nom de chronique de Poutna, garde le silence sur Anastasie, la mère d’Alexandre ?e Bon, sur le voévode Costea et sur d’autres noms figurant dans l’obituaire de Bistrita. Mais on ne peut admettre ni même en principe qu’un obituaire de monastère, il n’importe lequel, ait pu servir de source et de modèle aux anciennes chroniques. Les chroniques ou annales, comme le prouve leur nom (letopis — la notation des ans) s’occupent du passage des ans, donc de chronologie, et c’est justement cet élément essentiel — la chronologie—qui manque aux obituaires, lesquels sont des listes de noms devant être prononcés devant l’autel, sans souci du temps où leurs possesseurs ont vécu, sans aucune date, et souvent disposés dans un ordre qui ne tient aucun compte de leur ancienneté. Une autre opinion sur l’origine de l’historiographie moldave en langue slave est celle de V. Grecu, attribuant comme modèle des anciennes chroniques moldaves les abrégés des chroniques byzantines connus sur le nom de Chronogra-phika Sintoma. Mais d’emblée nous ne pouvons admettre pour les chroniques moldaves en langue slave une origine byzantine, quand nous savons que, bien avant l’apparition des chroniques moldaves, l’historiographie slave s’était développée depuis plusieurs siècles chez les bulgares, les serbes et les russes, avec lesquels les moldaves — écrivant, comme on sait, en langue slave — entretenaient des rapports culturels depuis longtemps, Les textes connus son le nom de Chronographika Sintoma ne sont que des résumés beaucoup postérieurs aux événements notés, sans date précise des jours et des mois, entière» ment différents des chroniques moldaves en langue slave 6. Pour notre part nous croyons que les auteurs des chroniques moldaves ont travaillé ayant sous les yeux des chroniques rédigées dans la même langue que celle qu’ils écrivaient et connues en une forme moins serrée, comportant beaucoup de détails, de sorte que l’oeuvre des chroniqueurs moldaves est une abréviation des modèles plus étendues des pays slaves et non une amplification des brèves chroniques byzantines. En effet, de semblables chroniques slaves plus étendues circulaient et étaient recopiées dans les pays roumains par les scribes des chancelleries. Ainsi le manuscrit slave no. 320 de la Bibliothèque de F Académie de la République Populaire Roumaine contient la chronique byzantine de Georges Amartolos (IXème siècle) traduite en langue slave sous la forme d’un manuscrit portant le titre d’un voévode Pierre de Valachie. Cette même chronique dans une version de Moldavie enfermée dans le manuscrit slave no. 321 de cette même bibliothèque, porte la signature d’un boïar Stan 5 I. Bogdan, Cronice inedite, p. 35 — 36. 6 G f. V. Grecu, Originea cronicelor romtnesti dans le volume «Omagiu lui Bianu <>, Bucarest, 1927, p. 217-223. 149