avec des disciples pris parmi les Moraves, tels que Gorazd, que Méthode a laissé pour son successeur, en disant : «Celui-ci est un homme libre de votre terre, connaissant bien les livres latins, très fidèle aux dogmes »16. Le nom de Gorazd, de même que celui de Boleraz, un autre féodal et collaborateur insigne des deux missionnaires, se conservent dans la région des Phetites Karpathes, Nitra-Ostrihom, comme noms de lieux17. Les plus anciens textes moraves conservés en copies du Xe siècle, tels les Feuilles de Kiev, etc., prouvent que l’adoption s’est faite dans ce dialecte morave à partir duquel s’est développé plus tard le slovaque central. C’est toujours là que se trouve le toponyme Kajicha, le nom du prêtre envoyé avec 30 aides et avec le prince tchèque Bofivoj en Bohême pour christianiser les Tchèques en 8741S. Il y eut ici, certainement, aussi d’autres disciples dont nous ne connaissons pas les noms. Mais on sait qu’à la cour de Kocel en Pannonie il y en eut 50. Plus tard, vers le fin delà vie de Méthode, il y avait en Moravie environ 200 de ses disciples. Ceux-ci ont continué son œuvre même quand Méthode fut mis en prison. L’époque la plus florissante de son activité est celle qui suit la libération de Méthode et va jusqu’à sa mort, c’est-à-dire entre 874 et 885. Maintenant Méthode est soutenu par le pape Jean VIII. Les trois évêques occidentaux qui l’avait persécuté et étaient ses ennemis, étaient morts: Adalvin de Salzbourg, Hermanrich de Passau, Hanon de Freis-sing. Le rusé et méchant Viching, le chef du clergé allemand, était maintenant le vicaire de Méthode. Le pouvoir de celui-ci est à son apogée. Il est à la fois archevêque de Moravie et de Panonie. Le pape lui donne des pouvoirs sur «tous les pays slaves», «vsicki slavjansky strany ». Cette activité s’etend aux Slaves de la Vistule et dans l’Ukraïne de l’ouest. Nous considérons qu’à cette époque la nouvelle culture de langue slave se répand aussi par les disciples de Cyrille et de Méthode, de la Grande Moravie aux Slaves du nord de la Transylvanie et du Maramureç. L’interprétation juste des faits historiques et linguistiques nous montre que cette hypothèse ne peut pas être exclue. Dans la Vie de Méthode il est dit que depuis ce temps-là l’enseignement du Seigneur « a commencé à croître fortement, le nombre des prêtres et des églises à devenir plus grand, les païens à croire en Dieu »19. En même temps le pouvoir politique de la Grande Moravie avait commencé à s’étendre de tous les côtés: en Bohème, dans la Serbie Lusacienne, dans la principauté polonaise de Cracovie. Le pape Jean VIII lui-même oblige le prince serbe Muntimir à s’unir avec le diocèse de Pannonie sous l’autorité de Méthode. Dans la sphère de cette activité entre aussi le nord de la Transylvanie avec le Maramures. D’après certaines attestations même, toute la Transyl- 16 Cf. ,1. S t a n i s 1 a v, Zivoty slovanskÿch apostolov Cyrila a Metoda, Bratislava, 1949, p. 74. 17 J à n S t a n i s 1 a v, Zo slovenského sociàlneho miestopisu, dans Jazykovednÿ sbornik, V, 1951, p. 58 — 96... Dejiny, p. 211—216. P. O 1 t e a n u, Numiri slave tri Transilvania de Nord, « Limbâ çi lit. », III. Bue., 1957, p. 185 — 214. 18 J. S t a n i s 1 a v, montre que le toponyme Kaj-al, qui a le même radical que Kaj-ich, se trouve a côté de Gorazd et de Galanta. Kajich était un homme de confiance de Svatopluk et de Gorazd. Ils l’envoient en Tchéquie en le chargeant d’une mission politique. et non pas seulement religieuse. (Cf. ouvr. cité, p. 213). 19 Tiivot Metoda, Cap. X, (d’après, J. Stanislav, ouvr. cité, p. 67). 172