l’allemand, l’intalien, le français, et l’anglais) devenant polyglotte. Cette maîtrise lui permit des vastes lectures et la connaissance des grandes œuvres universelles, dans leur rédaction originale. G. Asaki a vécu le drame du peuple polonais soumis au partage de 1795 et par la suite il suivit de près les mouvements de libération déclanchés par la jeunesse polonaise au sein de laquelle Adam M'ckiewicz joua un rôle important. Plus tard, dans les pages de Albina Romîneascâ, Asaki soulignera l’action politique du «fameux pcète polonais», nom sous lequel il y est désigné7. Mais G. Asaki était en premier lieu un lettré, et pourtant fort réceptif aux beautés de la littérature polonaise. Il transposa, par exemple, dans l’esprit de la langue roumaine la satire du grand écrivain Ignacy Krasicki (1735 1801) Zona modna8 en une version roumaine réussie portant le titre de Solia de modâ 9 sur laquelle nous n’insisterons pas ici. L’œuvre d’Adam Mickiewicz ne pouvait donc le laisser indifférent. Après 1822, année qui A it paraître ses ballades et ses romances (Ballady i romanse) le nom d’Adam Mickiewicz a eu une haute résonnance dans la littérature polonaise et plus tard, surtout après l’année 1830 dans les littératures slaves et occidentales10. G. Asaki était au courant de lœuvre poétique de Mickiewicz11 étant le premier écrivain roumain à l’avoir lue dans l’original. Nous avons démontré dans notre étude Adam Mickiewicz et son poème dramatique Dziady que Asaki avait réalisé son poème Mosii (les Aïeux) sous l’impression de la lecture directe du poème polonais, dont il a maintenu en essence la structure dans son habile version roumaine avec une ingénieuse adaption du cérémonial des aïeux ponctuée du refrain polonais: « Ce’ntuneric ce tacere « Ciemno wszçdzie, gUicho wszçdzie Ce-a sa fie, ce-a sii fie. » Co to bçdzie, co to bçdzie »14 ) Mais son intérêt pour Mickiewicz ne s’arrête pas là. G. Asaki emprunta à l’œuvre du grand poète polonais, entre autres éléments, un certain nombre de ballades. 11 s’agit en premier lieu de Turnul lui But (la Tour de Bouton)13. Celui-ci est un guerrier moldave fiancé à la fille du prince Alexandre le Bon (1400—1432), Anna, et qui fait partie de la troupe de guerriers moldaves envoyés par le Voévode de Moldavie à Marienburg pour 7 Voyez, par exemple, « Albina Romîneascâ », XX, (1848), p. 149 ; cf. I. C. C h i \ i m i a, Adam Mickiewicz et son poème dramatique Dziady, dans la « Revue d’histoire littéraire », l, <1957), p. 137. 8 I g. Krasicki, Pisma wybrane, publiés par T. Mikulski, Varsovie. 1954, t. II, p. 38 — 43. La satire parut en 1779 dans la brochure Satyry (éditions suivantes en 1794 et 1800). 9 G. A s a k i, Scrieri literare, publiées par N. A. Ursu, Bucarest, 1957, t. I, p. 215 — 219. La satire fut publiée dans 1 ’Almanah de inuâlôlarâ si petrecere, XIII, (1854), p. 128 — 132 et dans sa Culegere de poezii, Iassy, 1854, p. 189 — 194. 10) La révolution de novembre 1830 avait attiré l’attention sur le drame du peuple polonais subjugué. A partir de cette date Adam Mickiewicz obligé de s’expatrier se fixe en Occident où son action le rend de plus en plus connu. 11 Dans ses études d’histoire littéraire roumaine I). Caracostea a eu l’intuition de ce lien entre l’oeuvre de Mickiewicz et G. Asaki sans arriver à lui donner plus de précision. 12 Cf. I. C. C h i t i m i a, Adam Mickiewicz et son poème dramatique Dziady, dans la « Revue d’histoire littéraire », I, (1957), p. 138. 13 Publié d’abord par Asaki dans sa Culegere de poezii, Iassy, 1854, p. 215 — 222, et puis récemment dans Scrieri literare, editées par N. A. L7rsu, Bucarest, 1957, t. I, p. 194-202. 125