Biserica-n ruina Stâ cuvioasâ tristâ, pustie si bâtrlnâ (Vers du poète Eminescu que nous traduisons ainsi ; Il semblait qu’une porte s’était ouverte parmi les nuages, par laquelle passait blanche la reine de la nuit, morte...... L’église en ruines se tient digne, triste, déserte et vieille). Les adjectifs blanche, morte, triste, déserte et vieille peuvent être considérés selon la grammaire de la langue roumaine comme des compléments circonstanciels de manière car ils répondent à la question cum (comment). Le complément circonstanciel de manière monlre comment ou dans quelle mesure se déroule ou apparaît à un moment donné une action ou une qualité 3. Le complément circonstanciel de manière détermine des adjectifs, des verbes, des adverbes et des locutions adverbiales — et non pas des substantifs comme c’est le cas du doplnok. Les adjectifs mentionnés ci dessus n’indiquent pas le mode de l’action, mais ils déterminent le substantif montrant une propriété du substantif respectif. Pourquoi ne pas considérer alors les adjectifs comme des attributs ? L’attribut détermine le substantif ou un remplaçant de celui-ci,4 répondra-t-on. Les adjectifs ci-dessus expriment en effet des qualités, des propriétés du substantif, mais ces adjectifs sont rattachés par toutes leurs fibres à chaque mot en particulier et ils sont destinés à diriger l’action exprimée par le verbe de la proposition. La nuance lexicologique de ces adjectifs a la mission de compléter la valeur grammaticale et lexicologique de la proposition, grâce surtout à la place qu’elle occupe dans le cadre de la proposition. Par exemple : stâ cuvioasâ, tristâ, pustie si bâtrînâ. Par la construction de la proposition, les adjectifs respectifs peuvent montrer comment l’église se tient cuvioasâ tristâ, etc., mais ils peuvent tout aussi bien montrer qu’elle (l’église) cuvioasâ, tristâ, etc. se tient (est là). Au moment où les adjectifs suivent la verbe, ils ne sont pas seulement liés au verbe, mais aussi au substantif avec le rôle de sujet et ne peuvent donc pas être considérés comme des attributs. Dans le cas présent le sens de la proposition peut être rendu ainsi : Biserica-n ruinâ stâ, e cuvioasâ, e pustie, e tristâ si-i bâtrînâ (L’église en ruines se tient là, elle est digne, elle est déserte, elle est triste et elle est vieille). On montre donc comment est l’église, comment apparaît l’église à un moment donné. Si les adjectifs respectifs n’étaient liés qu’au substantif (et cela seulement dans le cas de changement de la forme de la phrase, nous aurions affaire à l’attribut et la construction serait la suivante « Biserica cuvioasâ, tristâ, pustie §i bâtrînâ stâ » (L’église digne, triste, déserte et vieille est là). Dans ce cas, l’adjectif n’est rattaché qu’au substantif dont il exprime la propriété. Par conséquent, il ne s’agit pas dans les exemples cités ci-dessus d’attribut ou de complément circonstanciel de manière, mais d’un « doplnok » de la langue roumaine. Les adjectifs ci-dessus n’expriment pas par leur valeur lexicologique un mode d’action, et par la place qu’ils occupent dans le cadre de la proposition ils sont reliés non seulement au verbe, mais à chaque mot en particulier, ce qui nous détermine à ne pas les inclure dans la catégorie des attributs. Il en résulte donc que le doplnok possède des parties communes avec l’attribut et le complément circonstanciel de manière, sans s’encadrer pourtant dans ces ■catégories de syntaxe. En slovaque comme en roumain le doplnok peut être 3 Gramatica limbii romlne, Bucarest, 1954, II, p. 133. 4 Ibidem, p. 81. 64