QUELQUES REMARQUES SUR LES BALKANISMES EN VIEUX-SLAVE JOSEF KURZ (Prague) 1. En examinant la syntaxe du vieux slave (surtout le problème de l’article en vieux slave) 1, j’ai toujours fait attention aux relations balkaniques dans les phénomènes examinés. Le vieux-slave s’étant formé dans le milieu balkanique (surtout sous l’influence de la langue et de la culture grecques), reflète l’état de ce milieu. On ne peut pas douter que l’étude du vieux slave comprise de cette façon n’ait une grande importance pour la balkanistique diachronique et qu’elle ne puisse conduire aux résultats touchant la connaissance du temps et des circonstances du début et de la première évolution des phénomènes étudiés. L’article postposé appartient, on le sait bien, aux balkanismes ; il avait pris son origine dans les conditions du contact étroit des langues balkaniques ; les influences balkaniques auraient pu se manifester par le soutient et par la régularisation des tendances indigènes concernant l’emploi des pronoms démonstratifs postposés dans la fonction anaphorique. En vieux-slave, l’influence des originaux grecs aurait pu jouer un rôle important dans l’extension de l’usage mentionné, mais, à cette époque, il ne s’agissait pas encore d’un veritable article. Dans le domaine de l’article, on rencontre, à côté de cela, dans les monuments vieux-slaves, des constructions d’origine livresque, formées par l’imitation servile du grec ; c’est l’emploi du pronom ize, lié à l’infinitif, au participe, à une construction prépositionnelle, à un substantif etc. (par ex. : a eze sësti o desnç i o sçjg mene nëstb mi,në sego dati Matthieu 20, 23 dans le cod. Marianus ; i si takozde sçtb. ize na kamenichz séemii Marc 4, 16 dans le cod. Zographensis ; ize.. . sëemi dans le Marianus ; aste ubo svëtb ize vz> tebë tuna estb. te Ibma kohmi Matthieu 6, 23 dans le Zographensis, Marianus, Assema-nianus, Sawina kniga ; vsëkb grëchb i vlasvimië. otbpustitb sq clovëkomb a ëze na duchb vlasvimië ne otbpustitb sç clovëkomb Matthieu 12, 31 dans le Zographensis ; ëze... chula Marianus, Assemanianus) ; elles ont pénétré dans les textes par l’intermédiaire des originaux grecs ; dans les premières traductions l’usage de telles constructions était assez rare (on y trouve le pronom ize en congruence avec le mot auquel il appartient), et il semble avoir été réservé 1 Cf. sur le problème de l’article envieux-slave, mes travaux suivants: K otâzce clenu v jazycich slovanskï/ch, se zvlâêtnim zfetelem k staroslovënStinë, «Byzantinoslavica», 7, 1937 — 1938, p. 212—340, et 8, 1939—1946, p. 172—288 (la deuxième partie a paru aussi comme tiré à part sous le titre Problém clenu v jazyce staroslovënském, Praha, 1946); üpoÔAeMa Hiiena e cmapo- CAaeHHCKOM H3biKe, dans le recueil «HccjieÆOBaHHH no CHHTaKCHCy CTapocjiaBHHCKoro H3MKa », 1963, p. 121 — 182; npoô/ieMama 3a hmhü e cmapoôi/izapcKUH e3UK, «E3hk h jiHTepaTypa», XVII, 3, p. 1 —16; Sludie ze syntaxe jazyka staroslovënského (thèse de doctorat, encore inédite, 1964, résumé de mes recherches). 6 - c. 133