LITERATURA BIZANTINÀ ÇI SLAVÀ |N CULTURA ROMÂNEASCÂ 139 chronique médiévale bulgare, conservée dans le Sbornik copié par le moine Isaia du monastère de Slatina en Moldavie (le« Sbornik» dit de Kiev, d’après le nom de la ville où le découvrit I. Bogdan et où il se trouve encore de nos jours). Ioan Bogdan a mis en lumière pour la première fois le rôle actif joué par les lettrés roumains au sein de la culture orientale. Usant du slavon comme d’une langue universelle de culture pour l’Orient, à côté du grec byzantin, ces lettrés ont copié presque tout ce que les anciens écrivains sud-slaves ont traduit du grec ou ont composé. Dans les conditions historiques de relative indépendance des Pays roumains, qui, réussissant à maintenir leur autonomie, se sont ainsi assuré la continuité de leur développement culturel progressif, même aux moments les plus pénibles de la domination économique et politique de l’Empire ottoman suzerain, les lettrés roumains ont pu inscrire un chapitre remarquable de l’histoire de la culture de langue slavonne. Les près de 2000 manuscrits slaves conservés de nos jours en Roumanie auxquels s’ajoutent quelques centains appartenant à diverses bibliothèques étrangères, constituent un trésor exceptionnel aussi bien pour la slavistique en général que pour la byzantinologie qui utilise de plus en plus systématiquement les versions slaves pour l’établissement des textes grecs. C’est précisément pourquoi les auteurs préconisent d’initier, a côté du Catalogue des manuscrits slaves de Roumanie et du Dictionnaire du slavon roumain mis sur le métier par l’Association des Slavistes de la République Socialiste de Roumanie, un Répertoire des écrits et des auteurs byzantins et slaves des manuscrits slavo-roumains. Le dit répertoire permettait de se rendre compte de l’ampleur de l’effort culturel roumain sous l’habit du slavon (presque tous les écrits en cette langue, auxquels s’adjoindrent maints titres traduits directement du grec aux XVIIe et XVIIle s., se recontreront en roumain du XVI s. à la première moitié du XIXe siècle). De même le répertoire en question offrait un inventaire quasi complet des traductions et des œuvres originales slaves qui ont circulé dans les cultures sud-slaves, inventaire que l’on ne peut plus dresser de nos jours dans sa totalité à l’aide des seuls matériaux conservés dans les pays en question. On peut s’attendre aussi à de nouvelles découvertes à la suite de l’investigation plus attentive du trésor des manuscrits slavo-roumains. C’est ainsi par exemple que, tout récemment, le slaviste Ion Radu Mircea a découvert au monastère de Sucevija (Moldavie septentrionale) l’unique version médio-bulgare connue des Vies des rois et archevêques serbes (Sbornik de Danilo), dans une copie de 1567. C’est la plus ancienne conservée jusqu’à présent de cette œuvre capitale de la vieille culture serbe. Le manuscrit a été copié par le moine moldave Azarie, probablement le chroniqueur bien connu. Cette découverte constitue une confirmation de plus du rôle exercé par les lettrés roumains, ce qu’avait reconnu Ioan Bogdan pour la première fois.