JOSEF KURZ 83 conjonction da etc. dans les textes vieux slaves les plus anciens correspond à l’époque ultérieure de la pénétration des balkanismes en général. 2. Dans la seconde partie de mon article je tâcherai d’exposer quelques observations d’ordre méthodologique qui, à mon avis, pourraient être utiles pour l’examen des questions de ce genre A. L’étude de tels traits doit être fondée sur l’analyse patiente des matériaux; elle doit être menée sous tous ces rapports et distinguer des phénomènes d’origine et de nature différentes. C’est une telle analyse qui faisait souvent défaut dans les travaux antérieurs de cet ordre 2. a) Il faut tout d’abord séparer, autant que possible, les traits de nature purement livresque de ceux à même de refléter la langue vivante mêlée de balkanismes (ils pouvaient y pénétrer sous l’influence du grec byzantin parlé ou sous celle de la romanité balkanique, faisant partie de la langue des traducteurs ou des copistes); il est naturel que les originaux grecs y jouaient un rôle important ; on peut s’imaginer que la pénétration des traits dont nous parlons pourrait être facilitée ou — d’autre part — limitée par l’influence des originaux grecs. b) En analysant des traits qui peuvent être considérés comme des reflets du milieu vivant de la langue parlée, on doit discerner et bien différencier les cas divers de l’emploi d’un moyen linguistique donné. Ainsi, par ex., l’emploi d’une proposition finale introduite par la conjonction da ne doit pas être nécessairement balkanisme: il faut distinguer des cas où il reproduit l’emploi identique de la proposition finale grecque, d’autres cas dans lesquels le texte grec possède une construction infinitive ; et dans les cas où on trouve en grec l’infinitif final avec l’article, il faut — de nouveau — différencier les cas dans lesquels l’usage de la proposition finale vieux-slave était inévitable, d’autres cas où cet usage n’était pas nécessaire et où on pouvait bien se servir d’un supin ou d’un infinitif en slave aussi. Je ne peux pas mentionner tous les détails, mais je peux affirmer qu’après une telle analyse profonde de tous les cas dont il s’agit, il ne reste qu’un nombre assez limité d’exemples (un ou deux exemples du texte évangélique, quelques uns du Psautier et un certain nombre d’exemples du cod. Suprasliensis) qu’on puisse considérer comme des balkanismes. c) Ensuite, il faut différencier dans les matériaux les phases diverses, les étapes successives dans l’évolution d'un seul et même événement. Ainsi, par ex., dans les constructions du type rabh fa en vieux slave, il s’agit tout d’abord de l’emploi des pronoms démonstratifs postposés dans la position enclitique derrière les substantifs ou les adjectifs, sans changement de la fonction et de la signification du pronom ; on concevait le pronom démonstratif comme un mot indépendant, qu’on pouvait séparer à loisir du substantif donné et servant sa signification ; on ne le sentait pas encore comme un simple suffixe ; on s’en servait d’abord selon les besoins (pour exprimer, s’il était nécessaire, le deixis ou l’anaphore), pas régulièrement. Par l’emploi fréquent des pronoms 1 Yoir aussi des réponses aux questions linguistiques posées par le Comité d’organisation dn V. Congrès International des Slavistes dans le recueil CnansmcKa (fnijionoiun, tom 1, Sofia, 1963, 316 suiv. ; elles sont rédigées par H. Birnbaum, J. S. Maslov, K. Mirèev, M. Pavlovic, Vraciu; voir aussi K. H o r â 1 e k, K syntaktickému vÿvoji a podminkâm vzniku slovanskÿch spisovnÿch jazykù, dans le recueil« Otâzky slovanské syntaxe», Praha, 1962, p. 86 — 88. 2 Pour en donner un exemple, je veux rappeler que dans les travaux de Ljubomir Miletiô concernant la question de la présence de l’article en vieux-slave, chaque pronom démonstratif postposé est considéré comme article. «*