MOÇTENIREA FILOLOGICA ?I LINGVISTICA A LUI IOAN BOGDAN 53 L’HÉRITAGE PHILOLOGIQUE ET LINGUISTIQUE DE IOAN BOGDAN (Résumé) Ioan Bogdan, le créateur de la slavistique roumaine en tant que discipline scientifique, est présent à l’esprit de la postérité plutôt comme historien que comme philologue, bien que dans ce domaine également il ait apporté de remarquables contributions et que dans ses travaux historiques il ait mainte fois eu recours aux moyens d’investigations qu’offrent la philologie et la linguistique. Ainsi le présent article se propose-t-il d’analyser les travaux philologiques et linguistiques de Ioan Bogdan, en mentionnant également ses recherches d’histoire proprement ditee qui ont des implications d’ordre philologique et linguistique. I. Ioan Bogdan trace tout un programme d’activité à la philologie slavo-roumaine dans la leçon d’ouverture de son cours de langues slaves, intitulée L'importance des études slaves pour les Roumains (1891); il s’occupe des Rapports culturels et politiques entre Roumains et Bulgares (1892) et écrit une esquisse d’ensemble de la Culture roumaine ancienne (1898). II. Une partie insigne de son activité fut consacrée à l’édition, à la traduction et à l’étude historique, diplomatique, paléographique et linguistique des documents slavo-roumains. Ses éditions de documents slavo-roumains (XIV® — XVIIe s.) sont précieuses pour le linguiste aussi bien du fait qu’elles reproduisent les textes en original, qu’en raison des commentaires linguistiques et des glossaires qui les accompagnent. III. L’histoire de la littérature roumaine ancienne est inconcevable sans les éditions fondamentales des chroniques slavo-roumaines, découvertes pour la plupart par Ioan Bogdan, qui les a publiées avec d’amples études et commentaires à la fin du siècle dernier et au début du présent. A cela s’ajoutent les éditions de chroniques sud-slaves et byzantines (en traduction slave), parmi lesquelles une place de choix revient à la Chronique de Constantin Manassès, éditée avec un copieux glossaire slavo-greco-roumain de plus de 6500 termes, qui complète en maints endroits le Lexicon de Miklosich (édition posthume, Bucarest, 1922). Il ne négliges non plus là publication de textes littéraires anciens concernant l’histoire des Roumains et dont le principal est Vlad l’Empaleur et les narrations allemandes et russes à son sujet. Étude critique (1896). IV. Ioan Bogdan nous a encore laissé toute une série des descriptions de manuscrits et de livres anciens slavo-roumains appartenant à des bibliothèques étrangères ou roumaines, descriptions qui attirent l’attention grâce à leur grande précision et à la science profonde de l’auteur. V. Les travaux proprement dits linguistiques de I. Bogdan ont porté sur la pénétration de l'alphabet cyrillique chez les Roumains (1900), sur la langue des plus anciens documents moldaves (1908). Il a étudié aussi les gloses roumaines d’un manuscrit slavon du XVIe siècle (1890) et un lexique slavo-roumains du XVII• s. VI. Ioan Bogdan enfin s’est occupé de même de l’étude et de la propagation de l’oeuvre des slavistes renommés, qui avaient abordé et traité des problèmes slavo-roumains (B. Kopitar, Fr. Miklosich, V. Jagic etc.), de la nomination de remarquables philologues roumains, (O. Densusianu, I. Bianu) aux chaires de la Faculté des Lettres de Bucarest qu’il a conduite plusieurs années et il a hautement apprécié l’œuvre des écrivains de son temps (Barbu Delavrancea, George Cofbuc). « Styliste d’un rare talent» (comme le déclarait l’auteur d’un compte rendu d’un des ses travaux), Ioan Bogdan n’a pas été seulement un grand historien ; il fut aussi un grand philologue doublé d’un linguiste. Lui qui fut « un homme d’un goût fin, un connaisseur en littérature ..., qui écrivait des études d’histoire qui se placent parmi les plus belles de son époque et de tous les pays, a commencé par être et est demeuré au fond de son âme, au fond de ce que son ambition avait de plus actif et sa patience de plus constant, un philologue» (N. Iorga)