84 BALCANISMELE IN SLAVA VECUE démonstratifs dans une telle position le chemin menant au développement d’un article est préparé sans doute, du point de vue formel au moins, mais il ne s’agit pas encore d’un véritable article. La seconde phase de l’évolution consiste en la préparation de la fonction de l’article ; il ne s’agit pas, naturellement, d’une évolution brusque ; elle s’accomplissait graduellement, ce qu’on peut bien observer en analysant sous cet aspect des textes moyens-bulgares 1. Naturellement, les changements de la fonction et du sens du pronom nous amènent en même temps à comprendre aussi la forme de la façon nouvelle. Tandis que dans la première phase le démonstratif peut être séparé du substantif et compris comme un mot indépendant avec sa signification propre (rata fa, rabotz se divise en rabb et fa 'ce serviteur’), dans la seconde étape la situation est autre: il ne s’agit plus d’un mot séparable, mais du suffixe -af qui s’accroche au substantif (c’est-à-dire : rab-ht) ; l’exemple z/yuofa rabb Matthieu 24, 48 de Dobrëjsovo cetveroevangele nous démontre qu’l s’agit vraiment d’un tel suffixe (-af, -ot) qui, dans ce cas, est transporté à l’adjectif. Dans la première phase de l’évolution il nous suffit d’admettre le procédé slave de réunir le substantif avec un pronom postposé et enclitique — les originaux grecs ont pu aider les traducteurs et les copistes des manuscrits slaves à élargir l’usage du pronom démonstratif dans la position postpositive; mais dans la deuxième phase il s’agit déjà d’un développement spécial qui s’est accompli dans les conditions spécifiques des relations balkaniques. d) Ensuite, il faut bien différencier les textes; il faut faire attention au milieu dans lequel les textes ont été traduits ou composés ou copiés, il faut tenir compte de leur contenu, de leur base dialectale et du temps auquel ils appartiennent, en un mot, il faut prendre garde aux circonstances qui pourraient influencer certaines irrégularités dans la pénétration des balkanismes dans les textes. A ce point de vue une différence nette se manifeste entre les traductions cyrillo-méthodiennes des textes bibliques et liturgiques, d’un part, et le codex Suprasliensis, de l’autre ; ce monument appartient à une époque plus récente, sa langue s’appuie sur une base dialectale différente (la Bulgarie de l'est) et son contenu diffère de celui des textes bibliques et iiturgiques ; tout cela a facilité la pénétration des éléments de la langue vivante. Et en effet on trouve dans ce codex des éléments qui sont des balkanismes indubitables ou, du moins, leurs germes. B. L’observation et l’analyse des textes doivent être complétées par des regards aux rapports structurais, dans lesquels les catégories des phénomènes étudiés se présentent en vieux slave ; on doit en même temps tenir compte du caractère général de la structure du vieux-slave. Ici non plus je ne peux pas toucher à tous les détails. Il est, par ex., hors de doute que l’évolution de 1 article en vieux-slave était liée à l’état du système général des démonstratifs en vieux-slave (ici il s’agit en premier lieu de la liaison de la naissance de 1 article avec la transition du système démonstratif de trois degrés à celui de deux degrés). Je terminerai mon exposé par la constatation que l’étude de la syntaxe du vieux-slave doit toujours tenir compte des relations balkaniques des phénomènes examines. Je crois pouvoir affirmer que l’étude de ces rapports est importante dans tous les cas. Même les résultats négatifs ont une valeur ; ils aident à résoudre un bon nombre de problèmes. 1 Voir p. ex. G. S v a n e,«Scando-Slavica», 7, 1961, p. 233—251; 8, 1962, p. 224—238.