78 Acad. D. SP. RADOJICIC que dans les paroles et les réponses» était« Grec de sa naissance» 1. La tradition enregistrée au XVIIe siècle dans le monastère de Tismana veut que le père de Nicodim, de nationalité grecque, était originaire de Kostur (Castoria), tandis que sa mère était Serbe 2. Dans la région de Kostur vivait vers la fin du XlVe siècle Nicolas Bagas Baklovin, petit-fils du prince Baldovin, qui tenait en possession, dans la première moitié du XlVe siècle, au temps du roi serbe Etienne Uros III Decanski (1321 —1331), la région de Vranje. Il est certain que cette famille ait été d’origine valaque. Il faut encore souligner que le second petit-fils du prince Baldovin, frère de Nicolas, était kyr-Antoine (Arsène) Bagaâ, ancien homme de lettres serbe, réorganisateur du monastère de Saint-Paul au Mont-Athos (mort entre juin 1405 et octobre 1406) 3. La tradition du XVIIe siècle mentionne Prilep comme le lieu de naissance de Nicodim4, tandis que la tradition ultérieure roumaine rapporte l’appartenance de Nicodim à la famille du prince serbe Lazar 5, qui, à cause de la fonction de commandant suprême dans la célèbre bataille de Kossovo (1389) et du martyre qu’il subit comme prisonnier turque, est entré dans la poésie populaire serbe et est devenu le personnage principal de la légende de Kossovo. Pour ce même prince Lazar l’historien ragusain Jacob Lukarevic (1551 —1615) a noté qu’il était « katunar» (chef des pâtres dans les montagnes de l’Europe du Sud-Est) de Viteonica et de Kosoric (katunar de Viteonica e Kosorrichi) 6. Il s’ensuit, par conséquent, que Lazar, lui-aussi, était d’origine valaque7. En joignant les données des traditions à celles des sources historiques il ressort que Nicodim aurait été de Prilepac, château fort près de Novo Brdo, célèbre centre minier médiéval serbe, et non pas de Prilep, ville de Macédoine. Le château fort de Prilepac est le lieu natal du prince Lazar. Il se peut que la mère de Nicodim, étant Serbe, fût en parenté avec le prince Lazar 8. Enfin, tout est possible, et ceci explique les liens entre Nicodim et le prince Lazar au temps du renouvellement des rapports entre l’église serbe et celle de Constantinople (1375), ainsi qu’à l’époque où Nicodim prit à tâche la construction des monastères valaques de Vodita et Tismana, c’est-à-dire au temps du règne du voïvode valaque Vladislav-Vlaicu I (1364 — vers 1374) et du voïvode Badu (vers 1374—1384 aproximativement). Le prince Lazar a prêté une aide matérielle à Nicodime, en donnant à ces monastères certains villages, probablement dans la région du Danube, au Sud de ce fleuve9. Lorsque Nicodim fut l’objet d’une «poursuite», il se réfugia «en terre hongroise», proba- 1 N. Duôic, Starine hilandarske (extrait de « Glasnik Srp. uÈenog drustva», 56, 1884), P> 75‘ * , - ■ , 2 Ce d. Mijatovié, Srpski odzraci iz rumunske istorije («Letopis Matice srpske», 187, 1896, 18—19). Cf. Emile Turdeanu, Les premiers écrivains religieux en Valachie: l'hégoumène Nicodème de Tismana et le moine Pliilothée (« Revue des études roumaines», II, 1954, 119). 3 Djordje S p. RadojiCic, Istocna i zapadna komponenta starih juinoslovenskih knjiievnosti (« Glas Srpske akademije», 256, 1963, 4). 4 C e d. M i j a t o v i é, op. cit., 19. 6 E. Turdeanu, op. cit., 119. Il serait frère de la mère du prince Lazar (Ced. Mijatovic, op. cit., 30). 6 II. Ruvarac, 0 knezu Lazaru, 1888, 15. 7 Voir D j. S p. R a d o j i C i c, op. cit., 4. 8 Voir du même auteur Vatikanski rukopis popa Nikodima (Gradja Autonomne Pokrajine Vojvodine, III, 1959, 188). 9 Du même auteur, Srpsko-rumunski odnosi XIV — XVII veka («Godisnjak Filozofskog fakulteta u Novom Sadu», I, 1956, 15 — 16).