82 BALCANISMELE IN SLAVA VECHE pour exprimer de fines nuances de sens du texte slave 1 ; mais plus tard, leur emploi s’élargit et devint une imitation tout à fait mécanique des constructions grecques (souvent avec la forme invariable du pronom) ; dans le codex Supra-sliensis on trouve 282 exemples de cette sorte. Il me semble que les anciens traducteurs choisissaient cette construction non slave pour traduire des groupes de mots grecs liés avec l’article souvent aussi parce qu’ils ne possédaient pas un moyen slave adéquat correspondant à l’article grec ; n’aurait-on pas pu remplacer de telles constructions, comme ize otb stram novi ljudije cod. Supr. 321, 28, poslusai jaze vidimaa ibid. 336, 21, nësi li jeze proricajemo slysah ibid. 337, 9, par des moyens bien slaves formés par un article slave, s'il y en avait eu à ce temps-là (alors qu’on aurait pu dire, par ex., noviji ti ljudije olb stram, poslusai vidimaa ta, nësi li slysah proricajemoje to) ? En fait, il semble du moins que les balkanismes syntactiques vivants n’apparaissent pas dans les traductions cyrillo-méthodiennes dans une mesure plus large 2. Le défenseur de telles influences Jan Sedlâcek 3 ne donne que de très rares exemples dans les textes cyrillo-méthodiens qu’on puisse expliquer ainsi. Il trouve plus d’exemples de quelques phénomènes balkaniques dans le codex Suprasliensis. On trouve en effet dans ce monument des cas pareils (mais il n’est pas sûr qu’ils descendent de l’époque de la traduction des textes ou de celle des copies). Ceci est d’accord avec mes conclusions concernant l’apparition des propositions avec da pour les infinitifs finaux grecs ; je peux affirmer que l’usage des propositions introduites par la conjonction da dans la traduction cyrillo-méthodienne la plus ancienne -— usage d’ailleurs peu fréquent, si on ne prend en considération que des matériaux dont il peut s’agir — ne signale pas encore le processus touchant l’existence des constructions infinitives slaves, mais qu’on peut compter avec un tel processus plus tard, à l’époque de Syméon ou les signes de la retraite des constructions infinitives apparaissent plus clairement (et le codex Suprasliensis appartient à cette époque-là). Il faut à mon avis, étudier la syntaxe des monuments cyrillo-méthodiens en l’examinant toujours par rapport aux relations balkaniques ; mais, d’un autre côté, il faut s’en tenir aux faits réels et examiner tout d’abord si des traits qu’on peut juger comme des balkanismes, sont vraiment présents dans les textes. L’apparition plus claire des dits balkanismes ne se trouve que dans les textes qui suivent l’époque cyrillo-méthodienne. Certes, on peut supposer les tendances menant à de tels changements 4, mais la diffusion de tels traits dans les textes s’accomplissait successivement et le caractère livresque de la langue vieille-slave s’y opposait. En me fondant sur l’analyse détaillée des faits je suis parvenu à la conclusion que l’absence de l’article, ou celle des propositions introduites par la 1 Voir « Byzantinoslavica», 8, 1939—1946, p. 280—285. 2 Voir aussi M. Mai ecki, Zagadnienia sporne lingwistyki balkanskiej, dans III-ème Congrès international des slavistes. Publications du Comité d’organisation, No. 1, Beograd, 1939, p. 216-217. 3 Jan Sedlâëek, K problematice zkoumâni syntaxe staroslovënStiny, dans le recueil Otâzky slovanské syntaxe, Praha, 1962, p. 89—92; CiiHTaKCHC CTapocjiaBHHCKoro H3biKa B CBexe 6ajiKaHHCTHKH, «Slavia», 32, 1963, p. 385—394; K balkânskym paralelâm ve vyjadrovâni hypotetické modâlnosti, « Slavica Pragensia», 4, 1963, p. 301 — 305. 4 Cf. p. ex. HccAedoeanun no cumnaucucy cmapocAaemiCKoeo x3bixa, p. 181 ; ou mon travail K otâzce nominativu zâjmena tfeti osoby v slovanstinè, « Slavica Pragensia», 2, 1960, p. 54.