Le présent article analyse les phénomènes qui illustrent la circulation des marchandises en Valachie du début du XIVe siècle au milieu du XVIe (lorsque commence une nouvelle étappe dans l’histoire du commerce extérieur des principautés roumaines) d’une part, l’importance de la circulation monétaire (les réserves appréciables du trésor princier et les émissions propres des voévodes roumains, utilisées du reste aussi dans les échanges avec la Péninsule Balkanique) et d’une autre, la croissance des villes, centres commerciaux actifs auxquelles le pouvoir princier accordait son appui. L’examen des multiples mentions conservées dans les documents permet à l’auteur de montrer les routes pratiqués par le commerce. Certaines marchandises venaient ou partaient par la Mer Noire (les bateaux remontant le Danube jusqu’aux ports de Chilia et de Bràila), tandis que les voies de terre utilisaient les gués du Danube: Calafat-Vidin, Cibar (fibru), Bechet-Rahova, Turnu — Nicopoli, Zimnicea — SviStov, Giurgiu — Roustchiouk, Silistra (Drîstor), Oraçul de Floci — Hirçova. Ces routes sont attestées, dans des textes écrits, dès le XIVe siècle (certaines existaient déjà à l’époque précédante). Elles apparaissent parfoi, dans des documents sous le nom des villes de la rive droite du Danube (Vidin, Cibar, Nicopoli SviStov, Silistra), ce qui fournit une preuve de plus de l’existence du circuit continu des marchandises vers ou de la Péninsule des Balkans. Un témoignage supplémentaire de ce circuit c’est encore le fonctionnement sans interruption des douanes roumaines sur la ligne du Danube, douanes qui conserverent leur organisation propre à côté de celle de l’Empire ottoman jusqu’au XIXe siècle. Les exportations de la Valachie embrasserent les produits traditionnels: blé, orge, gros et petit bétail (destinés notamment à l’approvisionnement de la capitale ottomane), chevaux (de Valachie, comme les mentionnent expressément les registres turcs), poisson, l’un des principaux articles d’exportation à côté des bestiaux, du vin, de la cire, du sel (dont les Principautés roumains étaient le fournisseur numéro un de la Péninsule Balkanique, du XIVe au XIXe siècle). Les importations portaient sur les produits de l’artisanat et les épices « d’outre-mer» poivre, safran, coton, camelot, toutes sortes de peaux, tissus (une gamme très variée), céramique de luxe, bijoux, argenterie etc., soit en général des articles occupant un volume réduit et représentant une valeur marchande relativement élevée. Après que la domination ottomane se fut solidement assise dans la Péninsule, les documents valaques désigneront ces produits du nom de « turcs». Les participants au commerce extérieur furent les boyards et les diverses catégories de fonctionnaires de l’état et surtout, les citadins. Ces derniers étaient aussi les principaux intermédiaires dans le transit des marchandises orientales (turques) vers la Transylvanie: ils occupent d’ailleurs la première place à partir de 1503 dans l’ensemble des importations et des exportations du grand centre commercial de Braçov (Kronstadt). Malgré la perte des registres douaniers où était consigné le volume des exportations et importations de la Péninsule Balkanique du XIVe au XVIe siècles, il résulte de la comparaison des différentes informations qui se sont conservées, que les exportations et les importations entre la Valachie et la Péninsule Balkanique à la période considérée (comme aussi celles de la Moldavie), demeurent entre les mains et sous le contrôle des marchands roumains. A ces échanges participèrent également, durant diverses étapes, les Génois, les gens de Brafov et d’autres villes de Transylvanie, les Ragusains, les Grecs et, finalement, les Ottomans et les Lévantins, dont la présence se fait surtout sentir à partir du milieu du XVIe siècle. Désormais, les exportations et les importantions de Pays I oumains (qui n’interrompent pas pour autant leurs relations avec les autres pays) s’orientant de plus en plus vers le marché ottoman, vers Istanbul et d’autres centres de Balkans. Aussi l’analyse de l’auteur s’arrête-t-elle aux années 1550—1560 quand on pose les premiers jalons de cette nouvelle orientation.