250 MARA HARISIADIS inclus dans la liste des manuscrits non-islamiques qu’il a établie en annexe à sa publication sur le Sérail1. Nous ne savons pas par quelle voie ce manuscrit est parvenu à la bibliothèque des sultans. On notera toutefois que tous les manuscrits slaves du Sérail sont antérieurs à la fin du XVe siècle 2. Des recherches plus poussées sur les origines de la bibliothèque du Sérail fourniront peut-être un jour une réponse plus précise. Le manuscrit moldave est écrit en lettre onciales, sur parchemin. Format : 30,6 X 22,2 cm; 270 f. La reliure est du type Yildis, en cuire rouge et avec des inscriptions en lettres d’or et les armes d’Abdul Hamid II. Ces reliures ont été employées en 1887 quand les manuscrits du Yildis kiosque furent transférés au Sérail. Le commencement du manuscrit manque. Son ancienne pagination n’est pas conserveé de sorte que les pages sont numérotées à partir de la première page conservée (Matthieu 5, 18—22). Le manuscrit a dû être endommagé avant 1887, car il fut relié après que le début du manuscrit eut été perdu. Ce manuscrit est enluminé suivant le système décoratif appliqué dans les tétraévangiles byzantins et slaves, qui sont ornés d’en-têtes et de portraits d’évangélistes. Dans ces tétraévangiles les portraits des évangélistes se trouvent à l’envers de la page de garde du même évangile et l’en-tête est au-dessus du texte. Dans le tétraévangile du Sérail manquent: le portrait de l’évangéliste Matthieu et l’entête de son évangile, mais les autres portraits et en-têtes sont fort bien conservés. Ce tétraévangile contient également deux en-têtes plus petits dont l’un se trouve au début du chapitre : cKaaaH'f np ktAMAini! ri cu'o A'kTd NNCAO s et l’autre au début du Synaxaire de Pâques. Le portrait de l’évangéliste Marc (fol. 72v) est encadré d’une bande de couleur brune avec des palmettes bleues (Fig. 1). La miniature est peinte sur fond d’or. L’évangéliste est assis sur un siège sans dossier devant un baldaquin de couleur violette et il écrit le texte de son évangile sur un codex qu’il tient sur ses genoux. Devant l’évangéliste est disposé un pupitre de couleur violette avec les accessoires nécessaires pour écrire. L’évangéliste est vêtu d’un chiton lie de vin et d’un himation bleu. Les draperies sont agitées et ont beaucoup de plis. Elles modèlent les formes robustes de l’évangéliste qui est semblable à un philosophe antique. Le portrait de l’évangéliste Luc (fol. 125 v) est peint sur fond d’or (Fig. 2). Il est encadré d’une bande rouge et noire, ornée de pampre bleu. Derrière l’évangéliste on voit un édicule au toit bleu, des murs gris, des colonnes bleues et roses et un socle vert. L’évangéliste est vêtu d’un chiton violet et est assis sur un siège brun sans dossier. Il est en train d’écrire le texte de son évangile sur le rouleau qu’il tient sur les genoux. Ce rouleau est terminé par un ornement en forme de coquille. La physionomie de l’évangéliste est très expressive et le traitement des draperies souples très recherché. Le portrait d’auteur de l’évangéliste Jean (fol. 206 v) est peint sur fond or (Fig. 3). La miniature est encadrée d’une bande violette ornée de pampre un peu plus foncée. L’édicule du fond est de couleur verte avec un toit en voûte de couleur violette. Le socle est de couleur violette. L’évangéliste est vêtu d’un chiton bleu et d’un himation grisâtre, dont les draperies sont traitées avec beaucoup de soins, tout en modelant les formes du corps de l’évangéliste. Les en-têtes sont formés d’entrelacs très répandus parmi les manuscrits slaves cyrilliques. Par leur style ces en-têtes sont apparentés à ceux des autres manuscrits de l’époque d’Etienne le Grand. L’en-tête placé au début du texte de l’évangile selon Marc (fol. 73 r) est formé de trois cercles, autour desquels sont entrelacés des bandes et des demi-cercles qui se coupent perpendiculairement (Fig. 4). Le fond de l’en-tête est jaune, vert brun et rouge, avec des taches blanches. L’entrelacs est couleur du parchemin avec un trait bleu au milieu et cerné d’un trait d’or. L’initiale Z est formée d’entrelacs blancs avec un trait bleu au milieu et il est cerné d’or. L’en-tête au début de l’évangile selon Luc (fol. 126 r) est formé de deux rangées de cercles concentriques dans lesquels sont entrelacés des demi-cercles (Fig. 5). Le fond est vert et brun. L’entrelacs est bleu avec un trait rouge au milieu et il est cerné d’une trait d’or. L’initiale P est lie de vin et bleue et cernée d’or. L’en-tête au début du texte selon Jean (fol. 207 r) est de forme rectangulaire avec, sur la base une entaille en forme de trèfle (Fig. 6). Cet en-tête est orné d’entrelacs et coupé de 1 A. Deissmann, op. cit., p. 99, No. 72. Mais au lieu de citer un tétraévangile, A. Deissmann donne la description d’un évangile aprakos-évangéliaire. Se fondant sur l’opinion de Romanski, il le décrit comme étant moyen-bulgare, de provenance roumaine. En 1963 nous avons constaté que les manuscrits slaves du Sérail qu’on avait considérés comme perdus se trouvent dans cette importante collection de manuscrits. Conf. « Politika» 17 fevrier 1963 ; « Slavo», 13, 1963 243. A cette occasion nous avons également noté l’existence du tétraévangile de provenance roumaine. * A. Deissmann, op. cit., 5—6.