l’ambassadeur de Russie devait envoyer à Pasvanoglu comme venant des sa part, ainsi que des instructions pour le courrier porteur de la lettre1. La lettre et les instructions comprenaient la déclaration catégorique que la Russie ne pouvait intercéder auprès de la Porte pour un rebelle. Si les rebelles entendaient se retirer de Valachie, de Plevna, de Berkowitza, etc., et si Pasvanoglu rentrait dans son gouvernement, en faisant preuve d’une pleine soumission, c’est seulement alors que la Russie solliciterait la clémence de la Porte qui devait lui assurer la vie 2. Par l’envoi de cette lettre, la Porte visait à couper court aux espoirs nourris par Pasvanoglu dans l’appui de la Russie et rompre tous les ponts entre le chef de Vidin et le gouvernement russe. Mais V. S. Tamara n’expédia pas la lettre (cela résulte d’une correspondance de Pasvanoglu adressée au Conseil général de Russie à Jassy datée du 23/février 1802, dans laquelle il déclarait ne pas avoir reçu de réponse à sa démarche faite à la fin de décembre 1800). L’ambassadeur russe, se rendant compte que son intervention alimentait la campagne hostile à la Russie, menée pas les agents de Napoléon, avait renoncé à toute démarche dans le problème de Vidin et donnait de instructions en ce sens à L. Kirico: « Déjà la Porte est persuadée que le retrait des troupes de ce pacha de Craïova a eu lieu par suite de ses bonnes dispositions militaires. . . Il faudra d’autres événements pour le tirer d’erreur; et si elle veut s’y exposer, elle sentira encore mieux le prix de notre médiation »3. Le retrait des détachements de Pasvanoglu du voisinage de Craïova n’a allégé que momentenément la situation de la Valachie. La Porte espérant que la rébellion pourrait être liquidée par un dernier effort, enjoignit aux hospodars de Valachie et de Moldavie de lever de nouvelles troupes 4 et de fournir de grandes quantités de céréales, produits, etc. L’éxécution de ces ordres a provoqué de grands mécontentements. L. Kirico montre, selon des informations reçues d’Olténie, que les habitants de trois cantons, environ 3000 paysans, armés de triques et de haches, se sont soulevés contre les fonctionnaires de gouvernement. Les paysans étaient tellement désespérés, qu’ils se seraient ralliés même aux bandes de Pasvanoglu, pour échapper au difficultés qui les accablaient5. La recrudescence des combats du sud du Danube, au cours de l’année 1801, augmenta les souffrances, les oppressions et les extorssions auxquelles était soumise la population des Principautés. D’autre part, les bandes de Pasvanoglu firent à maintes reprises des incursions en Olténie, en pillant les habitants, en leur prenant le bétail, les céréales, etc. 6 Pasvanoglu menaçait ouvertement d’occuper la Valachie7. Les succès remportés par les Turcs 1 A.P.E.R., Fonds Chancellerie, dos. 2219/1801, f. 15—16. 2 A.P.E.R., Fonds Chancellerie, dos. 2219/1801, f. 18—20. 3 Ibidem, f. 31 (en français dans le texte). * A.P.E.R., Fonds Archive Principale, 1—9 (1801—1802), dos. 4, f. 5; HTJRMU-ZAKI, XIX», p. 87. 5 A.P.E.R., Fonds Archive Principale 1—9 (1801—1802), dos. 4, f. 5; HURMU-ZAKI, XIX«, p. 87. * A.P.E.R. Fonds Consulat Général de Russie à Jassy, dos. 2/1801, f. 1—2, 8—9, 14—16, 20—22. 7 HURMUZAKI, XIX», p. 98—99, 104. 498