dans la littérature slave et slavo-russe par la filière byzantine, la traduction ayant donc été faite sur le grec. Toutefois A. D. Grigoriev, dans une étude fondamentale, soutient que la transposition en slave aurait été faite d’après une version arménienne 1. D’ailleurs la version arménienne manuscrite ou imprimée2 a eu une grande diffusion, alors que la version grecque a été seulement supposée: probablament existente jadis, mais égarée depuis lors et perpetuée uniquement par la traduction slavone et par certains passages de la biographie d’Ésope 3 (les motifs de l’ingratitude du jeune homme adopté et du voyage d’Ésope en Égypte pour l’élévation d’une forteresse dans les airs, semblables à ceux de Y Histoire d'Ahikar). Nous estimons qu’en partant de ces données on ne peut encore prouver d’une façon convaincante l’existence d’une version grecque. La présence de la légende citée dans la vie d’Ésope, par exemple, peut être expliquée tout aussi bien de plusieurs autres manières. Du slavon, Y Histoire d'Ahikar a été traduite en roumain au XVIIe ou au début du XVIIIe siècle. On en a découvert un nombre considérable de rédactions et manuscrits 4. M. Gaster a publié certains fragments 5 ainsi que la traduction en anglais d’un de ces manuscrits 6. Récemment de sous presse est sortie une édition intégrale d’un manuscrit roumain du XVIIIe siècle 7. Il est à remarquer que YHistoire d'Ahikar est inexistante dans les littératures occidentales, dans lesquelles ont pourtant pénétré presque tous les textes populaires orientaux de large circulation. L’aire de diffusion de YHistoire d'Ahikar se limite à l’Asie mineure et au sud-est de l’Europe, ce qui est, peut-être, une conséquence du fait que le roman ne fut pas traduit en grec, la culture grecque ayant été bien souvent la porte de pénétration des éléments orientaux en Occident. L'Histoire d'Ahikar contient une foule d’éléments, qui se rencontrent dans les sources historiques les plus diverses, ainsi que dans la littérature folklo- Sanktpeterburg, 1867, p. 63—85; idem, Hcmopux pyccKoü Aumepamypu, t. II, Sankt-peterburg, 1898, p. 37—41 et 66—67. G. POTANINE, Anupb noeecmu u Anupb jieieudu, dans «3Titorpa(J)nqecKoe o6o.!peHiie», 1895, nr. 2, p. 104—125 (il suit l’histoire d’Ahikar dans différentes légendes anciennes, chez les Mongols, Thibétains etc.). 1 A. D. GRIGORIEV, 17oeecnib 06 A nupe npeMydpo.M, Moscou, 1913, 562 p. (étude) + 316 p. (textes). 2 Depuis l’édition donnée en 1708 par Sergis, Le livre de l'histoire de la cité d’airain et l'histoire de Khikar, Constantinople, 1708; il en a paru d’autres en 1731, 1807, 1834, 1850, 1861. Cf. Fr. Nau, op. cit., p. 15. 3 L’éxistence de la version grecque est admise également par A. Brückner, Ezopy polskie, Cracovie, 1902, p. 6. 4 En 1929 N. Cartojan, en a signalé (op. cit., p. 259) environ 12 manuscrits à Bucarest dans la Bibliothèque de l’Académie; aujourd’hui cette bibliothèque en possède environ 30 manuscrits. 5 M. GASTER, Crestomatie romînâ, Leipzig — Bucarest, 1891, p. 134—136. Considérations sur l’ouvrage chez le même, Literatura popularâ rominâ, Bucarest, 1883, p. 104—106 et 109. 6 M. GASTER, Contributions to the History of Ahikar and Nadan, dans « Journal of the Royal Asiatic Society », 1900, Avril, p. 301—319, reproduction dans Studies and textes in folklore, Londres, 1925, vol. I, p. 239—259. 7 I. C. CHITIMIA, Povestea lui Archirie filozoful, dans Cârfile populare in literatura romlneascà, édition par les soins de I. C. Chitimia et Dan Simonescu, vol. I, Bucarest, 1963, p. 309 et suiv. 416