appela au professeur Auguste Dozon qui deviendra bientôt un enthousiaste de la cause bulgare et un ami dévoué des peuples slaves en général1. Au Cours de 1861 se déroulent des événements qui mettent de nouveau à l’épreuve la sympathie de Rakovsky pour la politique de la Russie. En effet, l’année précédente entre le gouvernement turc et le gouvernement russe était intervenu un accord qui prévoyait un échange de populations. Le gouvernement tzariste voulait se débarasser des Tatares et des Tcher-kesses, tandisque le gouvernement turc désirait le dépeuplement de la Bulgarie. On avait commencé cette action avec la région de Vidin. Rakovsky se déclare ouvertement adversaire de ces mesures destinées à affaiblir la force de résistence du peuple bulgare. Dans une série d’articles publiés dans le flynaecRu Jleôed il proteste vivement contre cette « politique criminelle » et conseille ses compatriotes de ne pas abandonner la terre natale 2. Sur ce sujet Rakovsky rédige aussi une brochure dans laquelle il condamne le transfert en Russie de la population bulgare. Pour ne pas nuire aux relations amicales existentes entre la Serbie et la Russie, il charge son collaborateur, Teodossi Ikonomov, de faire imprimer cette brochure à Bucarest3. Mais Rakovsky est résolu de prendre contact « de visu » avec certains milieux officiels russes, pour obtenir qu’on mette fin à cette dangereuse action politique. Dans ce but il entreprend un voyage sur le Danube jusqu’à Odessa. A cette occasion il s’arrête de nouveau dans les diverses villes de la rive gauche pour y faire de nouvelles connaissances et pour élargir le réseau des abonnements. Persuadé que les grandes puissances préparent une solution pour la question orientale, il considère que les Bulgares doivent être prêts à exploiter cette occasion. A cet effet il aurait été opportun — préconisait Rakovsky — qu’un bulgare, connu par les milieux politiques européens, parle en Occident pour y informer l’opinion publique de la précaire situation du peuple bulgare. Telles ôtaient les idées que tourmentaient Rakovsky pendant son court arrêt à Galafat, idées qu’il confesse à son ami Jossiph Daïnélov de Gonstantinople4. Continuant son voyage, Rakovsky s’arrête aussi à Braïla. Au commencement du mois de juillet il se trouve de nouveau à Galatz. Dans cette ville il reçoit une lettre de son ami de Braïla, Mina Minovitch, qui lui communique que lui, Rakovsky, est poursuivi par la police secrete roumaine. Minovitch ajoute que «l’état d’esprit des Bulgares de Braïla est excellent et que le nombre des abonnements au flynaecKu Jleôed a atteint 25 » 5. 1 Recommandé, à la suite des événements de 1862, par le prince Michel de Serbie. Dozon fut nommé secrétaire du consulat français de Belgrade. De là il fut transféré à Mostar comme vice-consul. Plus tard, à la fin de 1866, Dozon est nommé, dans la même fonction, à Plovdiv. Au cours du mois décembre, Ignatiev demande de Gonstantinople à Naïden Guérov des informations sur Dozon. Cf. le rapport de Guérov de 12 décembre 1866 (JjoKyMeHmu 3a Ô’bAzapcnama ucmopux, I, p. 415—416). 2 Apxue na r. C. P anoecKu, I, p. 377, n. 2. 3 Le titre de la brochure était : « La colonisation de la Russie ou la criminelle politique russe envers les Bulgares » ( ilpecejienue a Pyccun u.tu pycnama yôuücmeenHa noAumuna 3a ¡¡■bAiapume). Ibidem, p. 290. * Apxue na r. C. Paitoecnu, I, p. 278. La lettre de 6 juni 1861. * La lettre de Mina Minovitch du 3/15 juillet 1861 —YL. DICULBSCU, Din legâ-lurile lui Gh. S. Rakovski eu bulgarii din Brâila in 1861, « Romanoslavica », V, p. 182. •Jusqu’à la fin du mois de sept, le nombre des abonnements atteint 80 (I.e.). 564