en Egypte (la capitulation de Menon au commencent de septembre 1801), l’approche de la paix avec la France (à la suite de la conclusion du traité de paix russe-français du 26 septembre/8 octobre), ouvrait à la Porte la possibilité de concentrer ses efforts pour liquider la rébellion du sud du Danube. La Porte prenait des mesures énergiques, de nouvelles troupes étaient envoyées dans la région de Vidin, tandis que la navigation sur le Danube était suspendue afin de couper les vivres aux ' rebelles. Cette dernière mesure ne pouvait cependant être efficace sans le concours de l’Autriche. L’internonce écrivait à ce sujet: « Si la Cour Impériale n’entend pas étouffer ces troubles par un concours actif et direct, sa haute sagesse décidera au moins de ne pas s’opposer aux mesures que la Porte voudrait prendre à cet effet. La plus efficace de toutes est sans aucun doute de couper les approvisionnements des rebelles »1. Les autorités autrichiennes adoptèrent une attitude de neutralité, ce qui, en fait, facilita l’approvisionnement des rebelles. Le Cabinet de Vienne chercha à renforcer son influence auprès de la Porte, en offrant sa médiation, afin de « ramener Pasvanoglu sur la bonne voie », mais le gouvernement ottoman refusa cette aide. Se rendant compte que la situation internationale n’évoluait pas dans un sens favorable à ses intérêts, Pasvanoglu s’efforça d’obtenir l’appui d’une grande puissance. Il envoya des émissaires à Paris pour offrir ses services à la France et tâcher d’obtenir par l’intermédiaire du Premier Consul, ce qu’il n’avait pas obtenu de la Russie. Vers la fin du mois de septembre 1801, Polisoï Kondon, chanoine de Karlowitz et professeur de littérature grecque et latine, accompagné de Nedelco Popovitch, trésorier de Pasvanoglu, entama des pourparlers avec Talleyrand. Il résulte du rapport dressé par ce dernier, que les émissaires de Pasvanoglu présentèrent la rébellion comme une action « révolutionnaire et démocratique », visant à instaurer le régime « républicain » en Turquie. Sans doute, ces explications ont simplement réussi à faire sourire le puissant ministre des Affaires étrangères de France. Polisoï Kondon a même donné l’assurance à Talleyrand que Pasvanoglu jouissait de l’appui des Grecs du monde entier. Le mémoire qui contenait les propositions des émissaires affirmait que Pasvanoglu offrait: a) d’appuyer, et cela même par une assis-tence ouverte, les opérations militaires de la France contre l’Empire ottoman ; b) de mettre ses forces à la disposition du gouvernement français dans n’importe quel endroit où ce sera nécessaire. En échange de son entière subordination, Pasvanoglu demandait « la protection tacite » de la France2. Le gouvernement français manifesta de l’intérêt pour cette offre et Napoléon demanda qu’on lui présente un rapport concernant les causes et l’historique de la rébellion 3. Cependant le 9/29 octobre 1801 étaient signés à Paris les préliminaires de paix entre la France et la Turquie4. Bonaparte voulait 1 Rapport du 10/22 octobre 1801, L. I. Popov, op. cit., p. 65. ! HURMUZAKI, Suppl., I!, p. 217—218; L. I. Popov, op. cit., p. 149. 5 HURMUZAKI, ibidem, p. 212—213. 4 Le gouvernement turc était au courant des démarches de Pasvanoglu, car il avait envoyé des instructions à son représentant à Paris de refuser catégoriquement l’insertion dans le traité de paix de toute clause concernant le chef des rebelles (A.P.E.R., Fonds Consulat Général de Russie à Jassy, dos. 2/1801, f. 38—39). 32* 499