C-am un hiut mititel, la omâtu cînd a ninje; Cine mni-a cota de iel, Cine pà cap mni 1-a la, §i cine mni 1-a dàicare, Ploifa cînd a ploua; Maica Sfînta Vergura; Çi cine 1-a legàna, Cine pâ cap mni 1-a unje, Vîntutu cînd a sufla. Suflâ vintu di pâ deal, §i-l leagànâ-ncet çi rar, Suflâ vlntu di pâ çes, fji-l leagànâ-ncet si des 1. A l’encontre des variantes classiques, les variantes du centre, du nord et de l’ouest de la Transylvanie ne sont jamais localisées à Curtea de Arge§. Un grand nombre de ces dernières ne précise même pas l’épisode du murage et se contente d’affirmer que « zidari ziduri ziduesc » (des maçons maçonnent des murs). D’autres variantes mentionnent la construction d’un pont ou d’une forteresse. Dans certaines variantes l’action semble se dérouler près du Danube, dans d’autres aux bords de la mer. La localisation diverse des chants roumains les rapproche davantage aux chants balkaniques. Le monastère n’est plus l’unique objet dont la construction est chantée dans le folklore roumain. On construit un pont comme dans les variantes grecques, bulgares, albanaises ou croates ou bien une forteresse comme dans les variantes bulgares, serbes, albanaises et hongroises. Le nombre des maçons n’est plus précisé ou difère d’une version à l’autre (ils peuvent être 3, 9, 10 ou 20). Le nom du maître-maçon n’est plus invariablement Manole. Dans la variante recueillie par Ieronim Dânilâ en 1884, il porte le nom de Manu — Manea — forme dérivée d’Emmanuel, tout comme Manole — appellation courante d’ailleurs dans l’onomastique dans les contrées où circule cette variante. Dans d’autres variantes il s’appelle Miclâuç, Siminic, Petrea ou simplement « le maçon le plus important » (« Zîdariu cel mai mare ») tout comme le « maimarele » (le principal) des chants aroumains. En échange, dans les variantes du second type, le nom Manole est fréquent. Les variantes, chantées à la manière des « colinde », du centre, du nord et de l’ouest de la Transylvanie, ainsi que celles du sud de cette province et du Banat ne contiennent jamais le motif du conflit entre le seigneur féodal et le maître-maçon, non plus que le motif Dédale et Icare. De même que ses prédécesseurs, I. Taloç a analysé comparativement tous ces éléments de localisation et de composition. Toutefois, à son point 1 Collection de l’institut d’Ethnographie et Folklore de Bucarest, mg 500 ; Inf-Ilca Taloç, 47 a, Lenuta Pop, 46 a, Ilca Silaghi, 29 a, Alexa Taloç, 49 a, Gheorghe Silaghi, 32 a; rec. Ion Taloç, le 17.VII.1961. La « colinda des maçons ». Des maçons maçonnent un mur ; mais celui-ci s’écroule régulièrement. Leur chef dit : l’épouse qui viendra demain matin avec le déjeuner nous allons l’emmurer pour que le mur ne s’écroule plus. C’est la femme du chef des maçons qui est en train d’arriver. Le maçon forme un vœux : puisse le hallier pousser haut comme la maison pour que la femme retourne au foyer. Ce n’en est rien. Arrivée, on commence à l’emmurer vive. Quand elle se rend compte que ce n’est pas une blague elle se met à pleurer. Elle prie les maçons de lui laisser les tétons dégagés puisqu’elle a «un tout petit fils». Qui prendra soin de lui? se demande-t-elle, et elle-aussi de répondre : la Sainte Vierge, la neige, la pluie, le vent, chacun pour son compte. 438