1796 pour anéantir les Kirjalis. La dispersion de l’une ou de l’autre des puissantes bandes de Kirjalis n’a cependant pas eu pour résultat de résoudre le problème principal — la pacification de la Roumélie. Selon les informations de L. Kirico, le vice-consul de Russie à Bucarest, au début de l’année 1797, il y avait encore environ 30.000 personnes «armées comme pour la guerre, qui inondaient et dévastaient les villages de Roumélie »x. Cette situation était due dans la plus grande mesure à la corruption et à la vénalité de l’appareil de l’Etat. Fleischhackl, secrétaire d’ambassade autrichienne à Constantinople, écrivait: «Tous les ministres de la Porte sont corrompus* il n’y a pas un des chefs de voleurs qui n’ait pas son protecteur ici, on reste étonné en apprenant que Sinap battu et tué l’année passée par Hakki Pacha, a fait passer chaque mois de son règne 200 bourses au kiahaya de la Sultana mère » 2. Au printemps de 1797, les opérations des Kirjalis ont recommencé par un grand coup contre la localité Târnovo, « bourg considérable, muni d’un château et défendu par des longs défilés »3, base d’attaque idéale contre la région entière. Le chef des bandes Kôprüglioglu était une des créatures de Pasvanoglu. Les Kirjalis ont assiégé Filippopoli en exigeant 200 bourses, mais les habitants de la ville les ont obligés par les armes à se retirer. Les mois suivants, les bandes de Kirjalis commandées par Kara Hassan et Burdegioglu ont continué à saccager la région proche d’Andrinople. Terason, qui se trouvait dans la ville, écrivait a Herbert Rathkeal : « On peut évaluer a vingt mille âmes le nombre d’hommes, femmes et enfants totalement ruinés, dans la dernière misère, se réfugiant ici, abandonnant leur récolte, leurs bestiaux et production de leur industrie »4. La seule région tranquille de Bulgarie était celle qui se trouvait sous le contrôle de Pasvanoglu. Celui-ci ne négligeait le moindre détail pour consolider sa situation ; en même temps qu’il proclamait son dévouement vis-à-vis de la Porte, il ne manquait pas une occasion pour rejeter sur Hakki Pacha la responsabilité pour la recrudescence du brigandage, en insinuant que seuls ses actes de cruauté ainsi que son avarice sans bornes étaient les causes de l’augmentation du nombre des Kirjalis. Pasvanoglu posait en protecteur de la paysannerie courbée sous le joug des impôts, et en proie aux attaques des Kirjalis; il assurait la sécurité des caravanes de marchands et de voyageurs et suivait attentivement, par son réseau d’informateurs, tout ce qui se passait dans la capitale de l’Empire, ainsi qu’en Bulgarie, en Serbie et en Valachie 5. La déposition de Hakki Pacha et la nomination de H agi Mous-tafa Pacha comme vali de Roumélie fut pour lui l’occasion de faire un nouveau geste de soumission vis-à-vis de la Porte, par l’envoi de riches présents au nouveau gouverneur. Tout cela ne l’empêchait pas d’entretenir une corres- 1 A.P.E.R. Fonds du Consulat général de Russie de Jassy, dos. 215/1797, f. 21. 2 Rapport de Fleischhackl du 10/21 juin 1797, L. I. Popov, op. cit., p. 10 (en français dans le texte). 3 L. I. Popov, op. cit., p. 3 (en français dans le texte). 4 Terason — Herbert Rathkeal, 22 juin 1797, L. I. Popov, op. cit., p. 22 (en français dans le texte). 5 L. I. POPOV, op. cit., p. 6, 8, 11 ; A.P.E.R. Fonds du Consulat général de Russie à Jassy, dos. 295/1797, p. 79. 487