Donc Voriginal ou Vintermédiaire slave de cette Collection d'homélies de 1564 a été écrit en slavon carpathique, dans lequel on rencontrait des expressions empruntées au hongrois et au russe. La deuxième collection d’homélies du diacre Coresi, imprimée à Brasov en 1581 sous le titre traduit du slavon Evanghelie eu învâtâturâ, est un livre d’une grande importance pour l’histoire de la langue et de l’ancienne culture roumaine. Ecrit dans une langue roumaine belle et correcte, il a joui d’une large diffusion et est considéré comme le plus imposant de tous les livres de Coresi1. Il représente un moment décisif aussi bien pour la formation de la langue roumaine littéraire, que pour l’affirmation de la position roumaine vis à vis des courants de réforme, appuyés par la domination luthérienne 2. La deuxième collection d’homélies comprend, en traduction, la collection d’homélies écrites en grec par le patriarche de Constantinople, Jean Kaleka (1334—1347) 3. Mais dans le texte du livre de Coresi nous constatons la présence de nombreux slavonismes lexicaux et phonétiques, des constructions de syntaxe slave, l’ordre des mots slave ainsi que des titres entiers et des indications rituelles en slavon. Ceci prouve qu’elle ne représente pas une traduction directe du grec des homélies de Jean Kaleka, mais d’une version slave. D’ailleurs, même dans la préface il est dit que le diacre Coresi « o scoase din carte sîrheascâ (c’est a dire slavon) pre limba rumîneascâ »4. La préface du livre est toutefois considérée jusqu’à présent comme originale et comme la plus importante. En réalité, elle est presque entièrement une traduction, ce que nous montrerons plus loin. On a affirmé récemment que l’original d’après lequel a été traduite la deuxième collection d’homélies du diacre Coresi c’était une version sud-slave, à savoir en moyen-bulgare. Cette opinion est soutenue par Maria Râdulescu, dans son ouvrage Originalul slav al Evangheliei eu învâtâturâ a diaconului Coresi (Bucarest, Ed. Acad. R.P.R., 1959), dans lequel on attire l’attention sur trois versions slaves de la collection d’homélies de Jean Kaleka, conservées en manuscrit à la Bibliothèque Nationale « V. Kolarov » de Sofia. Aucun ne représente l’original dont s’est servi Coresi, ainsi que l’affirme l’auteur (op. cit., p. 9 et ailleurs). Les manuscrits discutés sont des copies éxecutées après l’apparition de la deuxième collection d’homélies de Coresi. La plus ancienne est celle du manuscrit 304 (incomplet) datant de 16268. Ni l’original supposé, ni une autre version plus ancienne de ce manuscrit bulgare n’ont pu servir à Coresi, parce’que, en jugeant d’après la copie, même cet original diffère par la langue, la préface et l’orthographe, de certaines parties du texte de Coresi. 1 N. IORGA, Istoria. literaturii romineçti, Bucarest, 1929, p. 183. 2 AL. ROSETTI— B. CAZACU, Istoria limbii literare romîne, Bucarest, 1961, p. 42 s. 3 Ceci a été affirmé par N. IORGA dans Istoria literaturii romîneçti. Introducere sinteticâ, Bucarest, 1929, p. 198, 199 et a été prouvé par V. GRECU, dans Izvorul principal bizantin pentru Cartea eu învâtâturâ. a diaconului Coresi, din 1581. Omiliile patriar-hului Ioan Caleca (1334—1347), Bucarest, 1939. 4 CORESI, Èvanghelie eu învâtâturâ, Brasov, 1581. Publié en transcription par S. Puçcariu et A. Procopovici, Carte eu învâ\âturâ, Bucarest, 1914, p. 6. Plus loin on cite CC2. 6 MARIA RÂDULESCU, Originalul slav al Evangheliei eu învâtâturâ a diaconului Coresi, p. 31, 39, 52. 169