rien de bon des Occidentaux. Par contre, chacun de nous met son espoir uniquement dans les Russes, avec lequels nous sommes apparentés » K Les années qui s’ensuivent anéantissent, l’une après l’autre, les espé-rences de libération nourries par les peuples balcaniques. Au sein de Immigration bulgare des Principautés Roumaines, éclatent des disputes, des animosités, suivies non seulement de l’apathie générale provoquée par les résultats défavorables de la guerre, mais aussi du manque de combativité et de l’inconséquence de la bourgeoisie bulgare à cette époque. Naïden Guérov écrit de Bucarest, en décembre 1856, à St. Tochkovitch, qui résidait à Odessa, une lettre par laquelle il instruit celui-ci des divergences qui opposent les différents centres de l’émigration bulgare des Principautés. Guérov — lui-même un des leaders de la bourgeoisie bulgare à cette periode — affirme qu’entre les émigrants bulgares de Bucarest et d’Odesse sont intervenues des divergences. « Personne ne s’intéresse plus aux questions nationales, dit-il. A Galatz, l’activité a complètement cessé. Les émigrants de Bràïla sont frappés d’apathie et personne ne donne un exemple qui puisse être suivi » 2. Le seul qui continue à agir quand même, se mettant entièrement au service de la cause nationale du peuple bulgare est S. Rakovsky. Ni les privations, ni les difficultés de toutes sortes, ni l’incompréhension que lui témoigne la bourgeoisie bulgare émigrée, ne sauraient le décourager. Puisque l’espoir du peuple bulgare s’est évanoui comme une chimère 3, il commence, vers la fin de 1854, à former le projet de s’établir, en publi-ciste, à Novi Sad. Croyant ferme en la réalisation de ses idéaux révolutionnaires, Rakovsky est décidé de continuer une « lutte ouverte par l’écrit et par le sabre » contre le gouvernement ottoman 4. Des années durant, le révolutionnaire bulgare se dédiera à l’étude des problèmes de l’histoire de son peuple, tout en maintenant personnellement ou par écrit, des relations avec ses nombreux amis établis dans les diverses villes des Principautés. Rakovsky n’était pas seulement un révolutionnaire — selon la plus noble acception du mot — et un fervent patriote, mais aussi un savant, un intellectuel à riche culture historique et philologique, un poète inspiré, de veine romantique. Avant de retenter à soulever le peuple contre la tyrannie ottomane, il cherche, par ses écrits, à éveiller chez ses connationaux de partout, l’amour pour la langue, le passé et les valeurs culturelles de leur patrie. Dans les conditions politiques consécutives à la guerre de Crimée, il ne pouvait faire rien de mieux pour atteindre ses buts révolutionnaires. Jusques en l’automne de 1863, quand ses préocupations acquirent une autre orientation, Rakovsky a développé une activité multiple à but unique: la libération politique et spirituelle du peuple bulgare. Partout où il s’établit — continuellement poursuivi par les autorités turques — il forge des plans, prend des initiatives. Sans épargner son énergie, il sollicite des collaborations et des moyens matériels, appelle à l’action les Bulgares émigrés, y faisant toujours preuve d’une grande capacité de travait 1 Ü3 apxueama ua Hauden Tepoe, II, p. 192. 2 Ibidem, p. 402. 3 Apxue na r. C. PanoecKu, I, p. 492. 4 Ibidem, I, p. 42. 556