et aurait été transmise dès cette époque aux Bulgares. Par l’entremise des Hongrois et des Bulgares le thème, d’origine orientale, apparenté aux légendes caucasiennes et mordvines, se serait répandu ultérieurement chez les peuples balkaniques. Quoique son argumentation soit bâtie sur une minutieuse analyse comparée des variantes et qu’il accompagne son ouvrage de tableaux synoptiques, L. Vargyas ne réussit pas à nous convaincre de la validité de son hypothèse et il ne fait que prouver, une fois de plus, la tendance de certains folkloristes et ethnographes magyars — de formation plus ancienne — d’affirmer, chaque fois qu’une discussion sur l’origine de certains traits de culture populaire a lieu, la priorité des phénomènes hongrois. Repoussant l’hypothèse de L. Vargyas, C. A. Megas démontre que l’argumentation de celui-ci est viciée par une incomplète connaissance du matériel et, de même que D. H. Hadzis, soutient l’origine grecque du chant. En échange, 0. Papa-dima apporte — grâce à des données récemment mises en valeur sur les marchands ambulants, trafiquant d’ombres destinées à être murées dans les bâtiments en construction — de nouveaux arguments pour soutenir le caractère professionnel de ces chants. Le fait que « les chants balkaniques du type de la construction de la forteresse Skadar ne se limitent pas seulement à des ressemblances thématiques, mais emploient aussi la même manière pour réaliser le sujet » permet à Y. M. 2irmunski de supposer qu’il a existé autrefois un seul chant initial localisé plus tard à des moments différents chez les différents peuples balkaniques. L’étude comparée des chants relatifs au sacrifice de l’emmurement s’est développée parallèlement avec les recherches sur le terrain, avec le recueil de nouveaux chants du folklore des différents peuples. Malheureusement ce matériel, pour la plupart inédit jusqu’à ce jour, est difficilement accessible aux spécialistes qui s’occupent de recherches comparatives. Une contribution substantielle, en ce sens, a été apportée par les recherches que I. Taloç a effectuées sur les variantes roumaines. En faisant usage des variantes collectionnées par lui, nous adlons essayer d’esquisser l’état actuel des recherches roumaines sur le thème qui forme l’objet de notre communication. Les recherches comparées n’ont envisagé jusqu’à présent pour ce qui est du folklore roumain, que les variantes localisées à la construction du monastère d’Arges par le maître-maçon Manole. Seule la légende relative à la forteresse Barcan y fait exception. Le nombre des variantes roumaines prises en considération ne dépassa jamais 16. Le chant continue pourtant à vivre dans notre folklore et de nos jours on peut encore recueillir des nouvelles variantes. Le nombre total de variantes versifiées recueillies jusqu’aujourd’hui atteint 50. A ce nombre il convient d’ajouter encore 18 variantes en prose. Nous considérons donc qu’il n’est pas inutile d’expliquer la manière dont sont groupées ces variantes et de souligner les éléments nouveaux dont la connaissance peut contribuer à l’éclaircissement des problèmes relatifs à l’origine et la filiation des chants sur le sacrifice de l’épouse murée vive. Telles qu’elles existent dans la circulation folklorique, les variantes roumaines du thème peuvent être groupées en trois types selon leur diffusion territoriale, leur fonction et leur structure. Les chants appartenant au type le plus connu dans la littérature de spécialité retrouvés dans le Banat, l’Olténie, la Valachie et la Moldavie con- 432