On fait sortir Ahikar de sa cachette, il va en Égypte et résoud les problèmes posés par le pharaon. Enfin, Sinagrip, remet à Ahikar, de retour à la cour, son neveü ; Ahikar bat ce dernier à coups de bâton jusqu’à ce qu’il le tue, tout en lui racontant, à chaque reprise des coups, une fable. L’origine et les sources de ce roman populaire ont suscité depuis longtemps de vives discussions qui sont, aujourd’hui encore, loin d’avoir abouti à des conclusions définitives. Plusieurs éléments de son contenu — tels les maximes d’Ahikar et le récit de ses souffrances, dans la première partie du roman, ou bien les exploits en Égypte, les fables et proverbes, de la dernière partie — se rencontrent dans différentes sources anciennes. On retrouve une série des maximes d’Ahikar chez l’écrivain grec Ménandre (342—293 a.n.è.)1 ; des souffrances analogues à celles d’Ahikar sont évoquées, certains proverbes y compris, dans le livre de Tobie de l’Ancien Testament 2, ce qui a incité à toute sorte de parallélismes compliqués3, ainsi qu’à l’établissement de nombreuses corrélations fondées sur des similitudes de noms et de faits entre YHistoire d'Ahikar et diverses autres sources anciennes 4. Partant, les opinions concernant les sources de YHistoire d'Ahikar différent considérablement: certains orientalistes ont soutenu que le roman a été composé dans un milieu d’ancienne culture hébraïque6, d’autres ont placé son apparition beaucoup plus tard, en Syrie, dans un milieu de culture religieuse chrétienne, étant donné que le roman contient, entre autres, des maximes religieuses chrétiennes 6. D’autres savants enfin ont mis en relation son apparition avec le fonds de culture laïque ancienne du Proche Orient7. Au début du XXe siècle on a découvert, à Éléphantine sur le Nil, un papyrus du Ve siècle a.n.è., qui contenait une partie de YHistoire d'Ahikar 1 Cf. FR. NAU, Histoire et sagesse d,'Ahikar l'Assyrien, Paris, 1909, p. 40—45. 2 Bible: le livre de Tobie, I, 19—22 (Ahikar sauve l’oncle Tobie des fléaux déchaînés) et IV, 15 (le proverbe : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît, présent dans YHistoire du sage Ahikar). 3 Voir en dernière instance PAUL VETTER, Das Buch Tobias und die Achikar-Sage, dans «Theologische Quartalschrift», 1904, p. 321—3G4 et 512—530; 1905, p. 321— 370 et 497—546; G. BICKELL, A source of the Book of Tobit, dans « Atheneum », II (1890), p. 700; W. F. KIRLY, A source of the Book of Tobit, ibidem, p. 738—739; MOOR, Le livre de Tobie et les premiers monarques sargonides d'Assyrie, dans « Revue des questions historiques », LVII (1895), p. 5—51 ; J. HALÉVY, Tobie et Akhikar, dans « Revue sémitique d’ép¡graphie et d’histoire ancienne », 1900, p. 23—77. 4 Le nom d’Ahikar, en tant que sage ou astronome babylonien est mentionné par le philosophe grec Démocrite d’Abdèrc (vers. 460—370 a.n.è.) et par le géographe Strabon (vers 63 a.n.è.— 20 n.è.); cf. Fr. Nau, Histoire et sagesse d’Ahikar, p. 35—48. 6 J. HALÉVY, op. cit., p. 28 et suiv. ; MARK LIDZBARSKI, Zum wiesen Achikar, dans «Jahresbericht der deutschen morgenländischen Gesellschaft», XLVIII (1894), p. 671—675; E. J. DILLON, Ahikar the wise, dans «The Contemporary Review», 1898, p. 362—386 et d’autres. • ERNST KUHN, Zum weisen Akyrios, dans «Byzantinische Zeitschrift», I, (1892), p. 127—130; BRUNO MEISSNER, Quellenuntersuchungen zur Haikàrgeschichte, dans «Jahresbericht des deutschen morgenländischen Gesellschaft», XLVIII (1894), p. 171— 197 et d’autres. 7 TH. REINACH, Un conte babylonien dans la littérature juive: le roman d’Akhikar, dans «Revue des études juives», XXXVIII (1899), p. 1—13; FR. NAU, Histoire et sagesse d’Ahikar VAssyrien, Paris, 1909 etc. 414