affluent à Novi Sad. Rakovsky est enfin à même de mettre en pratique ses projets x. Bien que persuadé de l’influence considérable que son poème aurait exercé sur les Bulgares de partout, il préfère de faire sortir, au début de juin 1857 — grâce surtout à l’aide de Danilo Médakovitch — le premier numéro de son hébdomadaire « EbJieapCKd Uneenui^a ». Puisqu’il n’était pas sujet autrichien, la gazette paraît sous le nom de Médakovitch 2. Au début, Rakovsky projetait d’entreprendre dans les pages de cette gazette une campagne destinée à démasquer le gouvernement ottoman. Mais les relations amicales existentent entre l’Autriche et la Porte l’oblige à modérer son élan et de diriger ses attaques surtout contre les « tchorbadgis » et le clergé phanariote3. Mais Rakovsky n’était pas uniquement homme d’action. Il était aussi, nous l’avons déjà dit, un intellectuel distingué, préoccupé des problèmes de l’histoire et de la langue de son peuple. C’est ce qui le détermine à faire sortir HynaecKu Jleôed qui accompagnera, en supplément, l’hebdomadaire. Les deux gazettes jouissent d’une large diffusion en Bulgarie ainsi que parmi les Bulgares d’Autriche, de Serbie, et des Principautés Boumaines *. Le juin 1857, Rakovsky écrivait à Jossiph Daïnelov, à Constantinople, que son journal a été bien reçu par les milieux bulgares 6. Malheureusement, Rakovsky ne peut pas se consacrer tranquilement à son travail. A part les difficultés matérielles liées aux exigences de l’édition — il en est toujours contraint de faire appel à son correspondants des Principautés pour les surmonter — il est obligé à supporter la surveillance de la police. En effet, les autorités turques sont saisies de la parution des deux gazettes et, en l’automne de 1857, Aali Pacha fait connaître au gouvernement autrichien les soupçons de la Porte. D’abord, la note turque tente à associer l’Autriche aux mesures répressives envisagées par le gouvernement ottoman, étant donné — affirme la note — que le danger menacerait ce pays également ; ensuite, on parle de « journaux et publications incendiaires » parmi lesquels « se distingue surtout une nouvelle gazette en langue bulgare, publiée sur le territoire autrichien par un individu dont les crimes l’avaient conduit aux galères »6. Il est évident qu’il s’y agit de Rakovsky qui avait été con- clu poème ; dans sa lettre, il note que « de nombreux professeurs russes s’y sont abonnés (Ibidem, I, p. 101. Lettre du 16 avril 1857). Cette fois-ci, à ce qu’il paraît, Béron ne se gâte pas de répondre car, le 3 juillet, Rakovsky est contraint à lui demander de nouveau 100 ducats pour «Topcnu n-bmnuK» (Ibidem, I, p. 127). 1 Rakovsky reçoit entre temps des sommes d’argent de ses abonnés de Galatz (par l’entremise de V. Dobrovitch), d’Odesse (par l’entremise de Stéfan Tochkov), ainsi que de Ivan Mavridi et H. Petkov de Roustchouk (Ibidem, I, p. 107). 2 Kosta Milutinovitch, op. cit., p. 18. 3 A. A. Popova, op. cit., p. 68. Même certains de ses amis lui conseillent, pour lui épargerer des ennuis, d’être plus pondéré en ce qui regarde la Porte (cf. la lettre de V. Dobrovitch du 1 mars 1857, Apxue na r. C. PaKoecnu, II, p. 155). 4 Kosta Milutinovitch note que le dernier numéro de B-bAzapcna /(neenui^a a paru le 23 octobre 1857 et qu’au total en ont paru 18 numéros (op. cit., p. 19—21). 5 Apxue ua r. C. PanoecKu, I, p. 196. 8 JloK.yne.Hmu sa 6-bAzapcKama ucmopun, Sofia, V, p. 55. La dépêche du 21 oct. 1857. En français dans le texte. 559