commandement du séraskier. Il prend en plus chaque jour 1.000 béliers et de sept à huit rations de fourrage pour chaque homme » Les boyards présentèrent une requête à C. Hangerli lui demandant d’envoyer une supplique au Sultan pour obtenir un allègement du fardeau pesant sur le pays. La situation devait être alarmante, puisque le vice-consul russe L. Kirico aussi affirmait que « Dans les districts de Craïova ce ne sont pas seulement tout le pain et tout le bétail qui ont été ramassés, mais presque tous les hommes ont fui ». En Moldavie, les impôts étaient levés avec tant de rigueur, que -les gens, réduits à la misère, ne pouvant plus supporter les coups et les tortures, s’enfuyaient dans les forêts 2. Particulièrement lourdes pour les paysans étaient les corvées, les charrois-et travaux de toute sorte ; en Moldavie ou les employait à la réparations des chaussées et des ponts et à la taille du bois de charpente, tandis qu’en Vala-chie les habitants des villages proches du Danube halaient en remontant le fleuve vers Vidin, des bateaux chargés d’armement, de munitions ou de vivres 3. Des milliers de paysans élevaient des remparts et creusaient des fossés autour de Vidin ou bien transportaient «souvent sur leur dos» des munitions, et des vivres des magasins vers le champ de bataille. Le 9/20 juillet 1798, à l’occasion d’une attaque échouée contre la ligne de fortifications de Vidin, Kara Osman avait perdu environ 3.000 «travailleurs roumains» et tout autant de soldats turcs 4. G. Hangerli, profitant de la présence des troupes turques dans le pays et des combats qui se livraient au sud du Danube, a pillé ce qui demeurait encore ayant une certaine valeur dans les exploitations paysannes — le bétail — en percevant l’impôt sur les bêtes à cornes, qui avait été aboli. Les fonctionnaires du gouvernement « allant comme des loups affamés et des chiens morts de faim. . . enfermaient les hommes et les-femmes dans les granges, les étouffaient avec la fumée du fumier et avec des piments, les gardaient enfermés jour et nuit affamés pour qu’ils donnent l’argent ; d’autres étaient attachés les mains derrière le dos, adossés aux clôtures et fouettés, et d’autres ligates étaient tenus les pieds nus dans la neige glacée»6. C. Hangerli — avec l’appui des grands boyards — a tiré de l’impôt sur les bêtes cornues, dans un temps record la somme d’environ 4.000.000 de lei, somme égale presque au total des recettes du gouvernement pour un an ®. En Moldavie, A. Callimachi n’a pas perçu l’impôt sur les bêtes cornues, mais a employé d’autres moyens, réussissant à extorquer plus que C. Hangerli, d’après les calculs faits par les paysans eux-mêmes 7. La nouvelle de la grâce 1 Ibidem, f. 120, 121; N. IORGA, Studii fi documente, Bucarest, 1906, Ville vol., p. 113. 2 A.P.E.R., même fonds, dos. 236/1798, f. 109, 110. 8 V. A. URECHIA, op. cit., p. 199, 202, 515; A.P.E.R., même fonds, dos. 236/1798, f. 77—78. 1 D’après les chiffres fournis par L. Kirico, des 10.000 paysans roumains environ, pris de force pour différents travaux à Vidin, plus de 6.000 périrent, en même temps que-leurs bœufs (A.P.E.R., même fonds, dos. 236/1796, f. 120—122). 6 DIONISIE ECLESIARHUL, Chronograf, Tezaur de monumente istorice pentru. Rominia, de A. Papiu Ilarian, Bucarest, 1863, IIe vol., p. 193. 6 A.P.E.R., même fonds, dos 260/1799, f. 6—9, dos. 278/1799, f. 123, 125. 7 A.P.E.R., même fonds, dos. 260/1799, f. 29, 31. 494