Pendant que les émissaires de Pasvanoglu se trouvaient à Bucarest, Kara Moustafa, l’un de ses principaux lieutenants, envahit l’Olténie le 18/30 décembre, à la tête de 3500 soldats x. La ville de Craïova fut presque entierè-ment réduite en cendres. Les cosaques et les pandours, les seuls qui tentèrent de résister, subirent de grandes pertes, tandis que les soldats turcs non seulement ne leur vinrent pas en aide, mais certains se rallièrent aux bandes de Pasvanoglu 2. L. Kirico communiqua à V. S. Tamara les lettres reçues de Vidin. Il envoya en même temps à Pasvanoglu son homme de confiance Constantin, avec une lettre par laquelle il le sommait de retirer se troupes d’Olténie, le gouvernement russe ne pouvant rester indifférent à la violation du territoire roumain. Il résulte du rapport de Constantin que celui-ci fut reçu par Pasvanoglu le soir même de son arrivée et le lendemain matin: « Il (Pasvanoglu) expédia un ordre a son kehaïa de Craïova, en lui ordonnant de se retirer sans plus rien entreprendre contre les troupes roumaines ». Pasvanoglu transmit par le même Constantin, un message à Kara Moustafa dans le même sens et lui remit une lettre pour L. Kirico. Il déclara à Constantin à son départ: « Ils veulent faire de moi un ennemi des Russes. Ils veulent me menacer de l’arrivée des troupes russes. Moi je les estime et les respecte trop pour me mesurer à eux »3. Dans sa lettre, adressée à L. Kirico, Pasvanoglu annonçait qu’il retirait ses troupes d’Olténie, vu «l’entière confiance qui j’ai en la cour russe. . . J’éspère que par votre intervention. . . les choses s’arrangeront de façon satisfaisante »4. Entre temps, à Constantinopole, V. S. Tamara communiquait au reis effendi la démarche de Pasvanoglu auprès de L. Kirico. Il offrit à la Porte l’aide militaire russe afin de liquider une fois pour toutes la rébellion de Vidin5. L’ambassadeur de Russie proposa en même temps au reis effendi sa médiation pour mettre fin aux hostilités jusqu’au printemps. Le reis effendi, tout en remerciant l’ambassadeur russe pour le concours offert, refusa ses propositions. L’ingérence trop ouverte et insistante de l’ambassadeur russe dans les affaires intérieures de la Turquie n’était pas sans éveiller les suspicions des milieux dirigeants ottomans 6. D’autre part, le gouvernement ottoman était induit en erreur par Al. Morouzi, le hospodar de Valachie, qui avait présenté le retrait des troupes de Pasvanoglu comme une victoire de son armée et avait minimisé les dévastations et les pillages commis en Olténie 7. En recevant le rapport de L. Kirico concernant les résultats de la mission de Constantin à Vidin, V. S. Tamara offrit de nouveau à la Porte le concours de la Russie. Cette fois-ci, le reis effendi rédigea le brouillon d’une lettre que 1 HURMUZAKI, XIX2, p. 78, 98. 2 Idem, Suppl. I2, p. 208. La population se défendit avec acharnement (ibidem, XIX», p. 84). 3 A.P.E.R., Fonds Chancellerie, dos. 2219/1801, f. 28—30. 4 Ibidem, f. 21—22. s A.P.E.R., ibidem, dos. 2218/1801, f. 21—22. * A. F. MILLER, op. cit., p. 116. 7 DIONISIE ECLESIARHUL, op. cit., p. 202, 203. Hurmuzaki, Suppl., I2, p. 204, 208; N. Iorga, Actes et fragmente, II2, p. 262. 32 - c. 650 497