Une contribution importante au problème a été apportée — comme nous l’avons indiqué dès le début — par les chercheurs qui ont établi les relations existentes entre les chants balkaniques d’une part et les croyances superstitieuses et les rites qui impliquent le sacrifice de l’emmurement, répandus dans le monde entier, d’autre part. Ces recherches font possibles des appréciations sur la modalité d’agrégation des faits artistiques détachés des contingences rituelles et des liens avec les croyances et les coutumes reliées à la pratique de la construction qui ont subsisté jusqu’à nos jours. C’est justement de ce domaine des recherches que fut émise l’hypothèse qui explique la légende commune à tous les peuples balkaniques comme un phénomène de substratum. Ainsi que pour de nombreux phénomènes ethnographiques et linguistiques, il pourrait bien s’agir ici d’un héritage traco-dace fructifié en nouvelles formes par tous les peuples de la zone sud-est européenne. Les études publiées dans les dernières années par G. Cocchiara1, V. M. 2irmunski2, G. Megas 8, L. Yargyas4, B. H. Hadzis 5, I. Taloç 6 et 0. Papadima7 ont apporté de nouveaux matériaux et données. Ainsi G. Cocchiara retient l’hypothèse de l’origine grecque des chants balkaniques, mais présente en même temps un riche matérial historique, ethnographique et folkloristique de la partie occidentale de l’Europe prouvant que la forme versifiée de la légende a eu une circulation qui dépassait autrefois la zone balkanique. Il élargit de cette façon la sphère d’investigation du folklore en tant que fait poétique jusqu’aux limites auxquelles n’étaient parvenues que les recherches ethnographiques. L. Vargyas essaie à son tour d’élargir la sphère territoriale des recherches en comparant les chants de notre région avec les légendes caucasiennes et abhasiennes, ainsi qu’avec certaines légendes mordvines. Son intention est de renverser l’échafaudage des hypothèses existantes en supposant que la forme la plus ancienne de réalisation artistique du thème serait la forma hongroise. Elle aurait été créée par les Hongrois avant leur arrivée en Europe 1 G. COCCHIARA, II ponte di Arta. I sacrifici nella letteratura popolare e nella storia del pensiero magico religioso. Il paese di Cuccagna e altri studii di folklor, Roma, 1956, p. 84—125. 2 V. M. 2IRMUNSKI, Epiceskoe tvorcestvo slavianskich narodov i problemy sravnitel'-nogo izuienija eposa, Moskva, 1958, p. 13—135. 3 G. MEGAS, ßißXioypaqua. Giuseppe Cocchiara, Il ponte di Arta e i sacrifici di costruzione (Annali del Museo Pitrè, 1, 1950, 38.81). Lajos Vargyas, Forschungen zur Geschichte der Volksballade im Mittelalter. III. Die Herkunft der ungarischer Ballade von der eingemauerten Frau (Acta ethnographica Academiae scientiarum Hungaricae. Tomus IX, fasciculi 1—2, Budapest, 1960). Separatum, 804, äj? Aaoypaipix^«; 'Exat-rsTa?. Tófio? IH' ’Ev ’AÖTjvoai; 1959, pag. 561—577. 4 L. VARGYAS, Forschungen zur Geschichte des Volksballade in Mittelalter. Die Herkunft der ungarischen Ballade von der eingemauerte Frau, Budapest, 1960. 6 B. V. HADZIS, Az Ària hidja ballada magyar vdltuzata. Kömüves Kelemené, « Ethnographia », LXXI, 1960, p. 558—579. 6 I. TAT .OS, Balada mefterului Manole fi variantele ei transilvänene, « Revista de folclor », VII, 1—2, 1962, p. 22—57. 7 O. PAPADIMA, Neagoe Basarab, Mefterul Manole fi vinàiorii de umbre, « Revista de folclor», VII, 3—4, 1962, p. 68—76. 431