littérature slave et la transposition en roumain tirée du slavon possède ses caractéristiques propres. Dans tous les cas, il ne s’agit point de traductions fidèles, mais de traductions et remaniements. A l’intérieur d’une même langue et d’une même littérature, on trouve pareillement des rédactions différentes, avec des inversions de narration, des omissions et des interpolations. Ahikar instruit son neveu Anadan, par des conseils sous forme d’aphorismes et de proverbes populaires. Leur nombre varie selon la version ou le manuscrit. Pour ce qui est de la version assyrienne, elle insère des préceptes tant avant les malheurs d’Ahikar, dans la première partie du roman, qu’après cela, dans la seconde partie; leur nombre s’y élève à environ 160 *. Certains manuscrits slaves comprennent environ 120 préceptes, tandis que d’autres n’en contiennent qu’environ 90, 50 ou 30 2. Les manuscrits roumains conti-nnent en moyenne environ 40 préceptes 3. A mesure que le nombre des maximes diminue, la narration se développe. L’ordre des maximes et proverbes, ceux identiques bien entendu, varie selon la version et le manuscrit, mais le caractère du remaniement ressort surtout du fait que chaque nouvelle version a omis certaines maximes et certaines proverbes et en a ajouté d’autres. Ainsi, la version arménienne contient des maximes inexistantes dans les versions assyrienne et arabe dont elle dérive ; la version slave dans ses diverses variantes, en emploie d’autres qui ne se trouvent pas dans l’arménienne, et les rédactions roumaines ont introduit elles aussi de nouvelles maximes dans l’esprit de la parémiologie roumaine. Fr. Nau a constaté ce fait dans le but d’établir la filière des versions: assyrienne, arabe, arménienne, slave, roumaine. Nau a cependant consigné un nombre exagère d’innovations à cause du stade des recherches à l’époque respective 4. Parfois ce n’est pas la nouveauté intégrale du proverbe qui intéresse mais la façon de formuler l’idée dans l’esprit de la parémiologie ou de l’anecdote locale. Les différences parémiologiques ressortent en évidence aussi en suivant le simple colationnement des textes des versions assyrienne, arabe, arménienne et slave, opération que Grigoriev a minutieusement faite8. Nous tenterons par la suite d’effectuer sur cette matière un examen comparatif pour découvrir les innovations et corrélations folkloriques. Par exemple, 1 La narration arménienne est riche en maximes (environ 90), ce qui fait que certains manuscrits portent le titre de Maximes et sagesse d’Ahikar. Parfois sous un numéro d’ordre sont groupées plusieurs maximes, ce qui rend difficile leur évaluation numérique exacte. 2 A. D. GRIGORIEV, op. cit., Ile partie, p. 75 et suiv. et p. 245 et suiv. E.V. Barsov, op. cit., p. 11. M. ReSetar, op. cit., p. 50 (31 préceptes). V. Jagii, op. cit., p. 216 (121 préceptes). 3 M. GASTER, Contributions to the History of Ahikar, p. 319; I. C. CHITIMIA, Povestea lui Archirie filozoful, p. 130. ^ FR. NAU, op. cit., p. 263—270: 52 maximes et proverbes arméniens inexistant dans les versions assyrienne et arabe, 52 proverbes slaves inexistant en assyrien, arabe et arménien, 24 en roumain inexistant en slave. Certaines exagérations ont résulté d’une comparaison peu attentive, car même les textes publiés par Fr. Nau contiennent des maximes et des proverbes dans telle ou telle version qu’il considère inexistants. Cela provient du fait que ces maximes ont été quelquefois considérablement remaniées. 6 A. D. GRIGORIEV, op. cit., p. 17—103. 27* 419