de vue, ce sont « les moments les plus significatifs qui permettraient certaines conclusions relatives à l’ancienneté de la ballade et qui contribueraient au développement de son intrigue: la conviction de la nécessité d’immoler un être vivant, la décision des maîtres-maçons de murer vive la première femme qui apportera son déjeuner à l’époux et le serment de garder le secret de cette décision » x. Certaines variantes de Transylvanie parlent de la nécessité de sacrifier « une âme humaine », « un petit corps humain », ou enfin « une tête humaine ». Dans cette région, les variantes contiennent la forme primaire de la superstition qui les a engendrées, ce qui semblerait être une preuve de leur ancienneté. Elles acquièrent un caractère de ballade uniquement au moment où les maîtres-maçons décident de murer une de leurs épouses, celle qui arrivera la première avec le déjeuner, par conséquent la plus dévouée et la plus diligente, et où ils font le serment de ne pas prévenir leurs femmes 8. « Le drame du maître-maçon n’est donc pas accentué dans cette variante dès le début, mais on y formule, d’une façon extrêmement générale, la nécessité de sacrifier un être humain, afin que les murs ne s’écroulent plus. Le cours de l’action se limite aux moments indispensables à l’accomplissement de cette superstition » 3. Ce caractère est exprimé d’une manière particulièrement expressive dans les chants grecs, dans lesquels un esprit prévient les maçons: «votre pont ne se consolidera point si vous ne sacrifiez pas un homme ». Par cet élément ainsi que par d’autres les formes du centre, du nord et de l’ouest de la Transylvanie se trouvent dans l’évolution historique du thème — tout comme les thèmes grecs — plus proches de la légende ancestrale, commune aux peuples balkaniques. Même si elles ne dérivent pas des chants grecs, car elles dépassent le thème superstitieux ancestral et sont fondées sur l’amour maternel, sur le souci des parents pour l’avenir de l’enfant orphelin, et appartiennent ainsi à une autre sphère thématique, elles gardent ces éléments dans lesquels la distance qui sépare la superstition de son remaniement littéraire est beaucoup plus réduite que dans les formes classiques. Un autre élément important qui prouve l’ancienneté de ces variantes est l’épisode du serment et sa divulgation ou sa non divulgation. Certaines variantes nordiques de la Transylvanie ne comprennent pas cet épisode ou ne mentionnent pas le parjure. Celles-ci sembleraient être les formes les plus anciennes: le secret y garde son intégrité et les héros se soumettent à la fatalité, leur libre arbitre restant hors du jeu 4. « Ignorant la décision secrète des maçons, l’épouse du maître-maçon se lève à l’aube, prépare le déjeuner, allaite son nourrisson qu’elle laisse au berceau, enfourne le pain et se dirige vers le chantier des maçons. Le fait que cette partie des variantes roumaines de la Transylvanie correspond à de nombreuses variantes grecques nous semble très intéressant » ®. Par contre, dans la variante du village LSpuç, 1 I. Taloç, ibidem. 2 O. Papadima, ibidem, p. 69. 3 I. Taloç, ibidem. 4 I. Talof, ibidem, p. 44. 6 I. Taloç, ibidem. 439