188 LA QUESTION D'EXTRÊME-ORIENT quand on sort de la voie droite et des normalités, il faut se préparer à subir toutes fantaisies et à s'accommoder avec toutes les invraisemblances. La sphère d'influence politique, autre mode d’action atteignant les droits de souveraineté des puissances indigènes, est d’une essence tellement vague, d’éléments tellement incoordonnés, qu’elle n'a encore été définie par personne. En admettant que la principauté laotienne de Xieng-Kheng rentre dans la catégorie des états-tampons, il n’existe jusqu’à présent, en Asie, qu’un seul exemple de la constitution d’un tel état politique. Et, malgré ses allures louches et changeantes, il offre toujours le caractère d’un arrangement entre deux puissances au détriment immédiat d’une troisième, laquelle n’est en rien pressentie ou consultée. En Afrique, de tels accords existent, mais ils ont été passés au sujet de contrées à peu près désertes, ou vis-à-vis de tribus si ignorantes, si désunies, si incivilisées, qu’elles ne comprennent point et ne comprendront jamais peut-être ce qu'on a voulu tirer d’elles. L'exemple asiatique est plus scandaleux : il n’a pas été suivi par d’autres, les conditions d’un tel accord étant à la fois trop vagues et trop scabreuses. Qu'on en juge. Le royaume de Siam, antique propriétaire de la plus grande partie de la presqu’île de Malacca, d’une part, et de la vallée (rive droite) du Mékhong, d'autre part, n'a jamais subi de revers qui le contraignent à les abandonner, n'a jamais signé de contrat amical et de plein gré, par lequel il résignerait un