LES POLITIQUES EN CHINE 177 plus audacieux et aussi plus lucratifs ; d’autres, poussées par l’esprit entreprenant de leurs producteurs, tendent à acquérir des débouchés nouveaux à leur commerce sans cesse grandissant, et à leurs marchandises amoncelées ; d’autres, poursuivant une hégémonie universelle, reconnaissent la nécessité d’avoir,en tous les pays et sur toutes les mers du monde, des arsenaux, des ports, des points de ravitaillement, des lieux de stationnement et des bases d’opérations navales. On s'est souvent étonné que l’expansion française, en Asie comme dans le reste du monde, se soit produite subitement, sans esprit de suite, sans plan mûri d’avance, et qu’elle ait souffert de ce manque de méthode et de continuité ; c’est que précisément notre expansion n’était provoquée par aucun des motifs impérieux que nous venons d'indiquer. Les capitaux français sont aux mains de très nombreux et très petits possesseurs, dont la prudence est en raison directe de la modicité de leurs ressources. Les négociants français, peu soucieux des aventures lointaines et des débouchés mal connus, préfèrent voir leurs stocks stationner devant la lente consommation nationale, et ralentir ou arrêter leur fabrication, plutôt que d’exposer leurs produits en des comptoirs récents, ou de se résigner à tels changements superficiels réclamés par une classe hétérogène de consommateurs. Enfin, blessée au plus profond d’elle-méme en Europe, la France ne s’est pas sentie attirée vers des conquêtes extra-européennes, avec le sentiment qu’elle eût éprouvé si elle avait joui, sur le vieux continent, d'une situation prépondérante et invincible. Là aussi elle est restée sta-tionnaire, groupant ses forces et ses enfants vers une EXTnfiUE-ORlEKT 12