LA POLITIQUE DE 1,’aNNAM AUTONOME 75 celui-ci ne parvenant pas, comme son aïeul Lê loi, à conquérir son royaume sur les Mac, porte à Péking ses doléances. La Chine déclare la guerre au roi Mac, met sa tôle à prix, et finalement procède au seul acte de suzeraineté véritable de toute l’histoire de ses relations ; souverainement elle partage l’Indo-Chine en deux parties : le Tonkin avec treize provinces, à Mac Dong dang, mandarin héréditaire, qu’elle reconnaît comme prince chinois feudataire du Quang si, et à qui elle envoie un sceau d'argent (3° degré) ; et l'Annam, au roi Lé minh, qu’elle pourvoit d’un sceau d’or (1er degré) sans conditions aucunes, même celle de l’antique formule de l’investiture. Lè. minh ne la reçoit pas, non plus que les trois rois, ses successeurs. Nous voyons ici la séparation accomplie de l'Annam et du Tonkin ; les deux parties du royaume ne subirent plus désormais le même traitement, et il est bizarre que le seul acte du Protecteur,ayant vraiment le cachet du Protectorat, tende au démembrement du protégé. 11 semblerait que la Chine ait eu là subitement l'intuition du Protectorat moderne, envahissant, despotique, pacte bilatéral de forme, mais unilatéral en réalité, imposé par les grands Etats aux Etats secondaires. A partir de cette époque, les dissensions intestines font de l’Annam une puissance confuse, tiraillée de toutes parts, et absorbant en elle-même toute sa vitalité (entre les Lè, seuls rois légitimes, en Annam ; les Mac, usurpateurs, soutenus par la Chine au Tonkin; les Trinh, maires du palais, suppléant à l'insuffisance des Lé ; et les Nguyèn, gouverneurs du Thanhoa, puis du Tonkin, puis de la Cochinchine, investis par les Lè de leurs charges et de leur titre de: soutien du trône).