MODES DES PROTECTORATS INDO-CHINOIS l’Annam, il avait obtenu la cession du Binthuan à la Co-ehincliine, et la cession au Tonkin des trois provinces de Nghéân, Hatinh et Tanhoa. On a fait un grief à M. Ilar-mand d’avoir ainsi dépassé ses instructions ; mais tous ceux qui ont l’expérience des choses de l’Extrême-Orient doivent approuver sans réserves l’idée qui consistait à diminuer progressivement l'Annam jusqu’à en faire un jour une virtualité, une entité théorique, et à supprimer peu à peu l’existence politique de régions où s’exerçaient des privilèges qu’on ne pouvait supprimer eneux-mèmes. Cette conception, abandonnée plus tard pour des motifs spécieux, est celle à laquelle il faudra revenir un jour, si l’on veut exercer sur l’Indo-Chine tout entière un protectorat réel et avantageux. M. Billot, alors directeur au ministère des affaires étrangères, a fait du traité Harmand un éloge trop complet, pour que nous ayons rien à y ajouter ; mais nous appuierons de nouveau sur cette constatation : que là sont précisées les grandes lignes, sans qu’un détail y soit oublié, du protectorat moderne, dont on ne saurait, sans dommage, sensiblement s’écarter. On pourrait se demander pourquoi, le traité du 25 août 1883 étant aussi rapproché de la perfection, le gouvernement français ne s’y est point arrêté, et n’en a pas exigé la stricte application. Les complications de cette époque troublée furent trop nombreuses et rapides pour pouvoir seulement être énumérées içi. Toutefois on ne saurait omettre que c’est par la suite de certains égards pour la Chine, ancienne suzeraine de l’Annam, que tout fut un instant remis en question. Le traité Ilarmand contenait explicitement le rejet que faisait l’Annam de l’antique