18 LA QUESTION' D’EXTRÊME-ORIENT son opinion y serait de quelque poids — se conformer strictement à l’opinion métropolitaine. La réciprocité est d’ailleurs parfaite, en ce sens que, lorsqu’un de ces Etats éminents vient à entrer en compétition d’intérêts ou en lutte tlagrante avec le Protecteur, le Protégé, de même que la colonie ou tout Etat dépendant ou « assigné » à un titre quelconque, suit le sort de son Protecteur, dans la paix, le traité ou la guerre, sans qu’il soit mentionné dans les déclarations des métropoles et sans qu’un acte spécial intervienne à son sujet. Il est là considéré comme un satellite de l’Etat éminent, et incapable par lui-même de se mouvoir ou de sortir de l’orbite dans lequel il a été inscrit et lancé (1). Le Protecteur considère d’ailleurs, en ces occasions, le Protégé non seulement comme unétroitobligé,maiscomme ayant perdu toute trace de sa personnalité. Car,si quelque Etat, indépendant ou non, d’un continent différent, vient à léser, par la force ou autrement, le Protégé, l’Etat éminent prend immédiatement la cause de l’Etat mineur, quand bien même il n’aurait souffert personnellement d’aucun dommage ; et en cas de lutte ouverte, non seulement il soutient son protégé de ses ressources et de ses armées, mais il rend directement à l’Etat agresseur les procédés dont le Protégé seul a pâti. Dans tous les cas, tout se passe en dehors de la sphère d’action directe du Protégé, (1) Cette proposition n'eût pas été vraie dans l'antiquité, ni surtout à l’époque médiévale ; mais elle est dans la théorie et dans la pratique actuelles; et il faut rappeler que nous faisons ici, non pas* l'historique des politiques anciennes, mais une étude de la politique coloniale extérieure, telle que l'ont créée les expansions contemporaines des puissances maritimes continentales.