48 LA QUESTION D'EXTRÊME-ORIENT jointe, n’est qu’une proposition ou une protestation théorique ou platonique, propre plutôt à diminuer qu’à augmenter l’importance de celui qui la prononce. Donc, dans tous les cas où, soit par son motif même, soit par la tournure prise au cours des négociations, le litige vient à dépasser les forces du protégé, il est, non seulement du droit, mais du devoir du Protecteur d'intervenir, en vertu même des clauses du pacte qui le lie. Suivant les intérêts immédiatement en cause, et suivant ceux que les incidents y peuvent engager, l’intervention de la métropole est désintéressée ou intéressée. Théoriquement, elle doit, dans les deux cas, avoir la même décision et la même énergie. Lorsque les intérêts de l’État mineur sont insuffisamment soutenus, et bien que la métropole n’ait aucun intérêt direct à intervenir, elle doit à son protégé son intervention, à cause de sa propre dignité, des engagements pris et de la fâcheuse répercussion morale que l’abandon et l’insuccès de son client peuvent avoir sur sa politique générale. C’est à elle à mesurer son effort et ses sacrifices à l’importance du but à atteindre. Elle doit satisfaire à la fois son amour-propre et son obligation, en s’engageant pour son client, et la saine logique, en ne faisant pas de bruit ni de frais hors de proportion avec les avantages à poursuivre ; et c’est à elle seule de juger l’opportunité de son action, et de choisir son moment et ses moyens. Cette action, toute désintéressée, s’entend surtout du cas où un État autonome, du même continent que la métropole que nous envisageons, vient à entrer en litige avec l’État mineur. Sans que les intérêts immédiats augmentent, la question se complique et se généralise en changeant de théâtre ; cette complication et cette généralisation entrai-