134 LA QUESTION D'EXTRÊME-ORIENT tutelle du Céleste-Empire ; et comme la Chine, prévenue par le marquis Tseng, ambassadeur à Paris, n'avait pas immédiatement protesté, il semblait qu’il n’y eût qu’à laisser aller les choses, et à considérer l'Annam comme entièrement dégagé, par la force des événements et son récent consentement au protectorat français, de tous liens antérieurs. Le gouvernement français, qui n'avait certes pas vu si haut ni si grand que son plénipotentiaire, et qui se trouvait un peu surpris et embarrassé de l’étendue de ses avantages, formula sous la forme d'un mémorandum, présenté à la cour de Péking par M. Tricou (15 septembre 1883), des propositions tendant à l’établissement d’une zone neutre (sans occupation militaire, et sous le contrôle de fonctionnaires annamites soumis uniquement au roi d’Annam), sur le territoire même de ce Tonkin, où le traité Harmand nous reconnaissait un protectorat si étroit. Enhardie par cette condescendance de la France (vis-à-vis des puissances orientales, toute concession parait une reculade inspirée par la crainte d’autrui ou la défiance de soi-même), par l’attitude de certaines puissances européennes, et par l’opposition parlementaire faite au ministère de M. Jules Ferry, la Chine émit d’inacceptables prétentions qu’elle soutint avec hauteur, et refusa d’évacuer le Tonkin qu'elle occupait indûment. On fut obligé de faire la guerre pour le lui prendre ; et la première partie de cette guerre se termina par la convention de Tientsin (11 mai 1884: (1), signée par le commandant Fournier et Lihungchang, et dont nous ne retiendrons pour le moment que cette promesse, que : « Le gouverne- (1) Chap. v, Pièces diplomatiques, n” xxm, page 243.