t>2 LA QUESTION d’EXTRÊME-ORIENT Trung, les Jeanne d’Arc tonkinoises, dont la mémoire, après dix-huit cents ans, est encore plus vénérée que celle de nos libérateurs et de nos conquérants. Un si bel élan, quoique couronné primitivement de succès, dura peu. En 42 ap. J.-C., le général chinois Mavien rétablit, plus impérieusement que jamais, l'hégémonie chinoise; l’Annamite fut traité en vassal, et ne put plus prétendre aux grades du mandarinat supérieur (1). Il faut cent ans aux lettrés annamites pour obtenir des privilèges égaux à ceux des lettrés chinois. A la fin du IIe siècle, en 186, à la voix de Sitien, chef d’une famille illustre, l’Annam secoue de nouveau le joug chinois, et le royaume eût dès lors acquis son indépendance avec celle de sa dynastie, si Sitien n’avait pas été attaché plus que de raison aux doctrines confucéennes, n’eût pas introduit des maîtres chinois pour les enseigner, et n’eût pas contraint les Annamites à abandonner leur écriture nationale pour adopter l'usage des caractères chinois. Son successeur, Sihuy, dupé par le général chinois Lidai, porte sa soumission au Fils du Ciel, qui le fait mettre à mort, et l’Annam est réduit de nouveau en province chinoise : ce nouvel asservissement dure jusqu’en 540. Toute cette période, ancienne et troublée, de l’histoire indo-chinoise, nous montre l’Annam souvent révolté, toujours vaincu, serré étroitement par son vainqueur. La seule investiture se dénature jusqu'à la conquête du protégé, et à son administration directe par les chefs militaires du Protecteur. Toutefois ces chefs militaires, qui ont jeté (1} C'est cette sujétion que les rois la dynastie Nguyèn exercent sur les Tonkinois, en refusant presque toujours les emplois de la cour aux indigènes des provinces situées au nord du Tlianhoa.